Ava **

Léa Mysius

L'histoire

Ava, 13 ans, est en vacances au bord de l'océan quand elle apprend qu'elle va perdre la vue plus vite que prévu. Sa mère décide de faire comme si de rien n’était pour passer le plus bel été de leur vie. Ava affronte le problème à sa manière. Elle vole un grand chien noir qui appartient à un jeune homme en fuite…

Avec

Noée Abita, Laure Calamy, Juan Cano

Sorti

le 21 juin 2017


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Délices !

 

Premier long métrage de sa réalisatrice, Ava a un sacré caractère. Tourné avec de la pellicule et pas en numérique, et de ce fait doté d'une image à la lumière chaude, contrastée, tellement riche… Comment c'était, le cinéma d'avant le numérique ? Comme ça ? Alors on perdu quelque chose, non ?
Mais Ava n'est pas qu'une succession de belles images, et d'ailleurs elles ne sont pas toutes belles, elles sont surtout marquantes, elles éclatent, elles sont furieuses et douces, elles sont hyper réalistes, puis oniriques, elles sont capables d'emporter. Ava n'est donc pas que lumière, Ava c'est aussi une ambiance sonore, une musique de percussions et de violoncelle, parfois pas tout à fait de la musique et puis soudain, si. Avec quelques surprises, aussi, comme… eh, mais si je vous le dis, ce ne sont plus des surprises. Sachez seulement que ça déménage et que ça caresse, et qu'il ne faut pas s'étonner qu'une chanson, tout à coup, devienne le moteur d'une scène. On se dit là que la réalisatrice a une foi dans son cinéma, dans sa façon de tenir une émotion avec presque rien, une image mouvante, une mélodie entêtante, et un instant saisi qui dure encore après la fin de la projection.
Ava, c'est aussi bien sûr une histoire, qui fait penser un peu à celle de La permission de Minuit, une enfant déjà grande atteinte d'une saloperie de maladie qui lui fait perdre la vue; dans La permission de Minuit, la maladie n'était pas celle-ci, mais il y avait un enfant qui luttait avec la vie et qui en découvrait quelques délices, comme ici… La cécité galopante fait partie du récit mais jamais elle ne fait s'apitoyer le spectateur, elle n'est pas le sujet du film. Ava c'est surtout la découverte de la liberté, du sentiment amoureux, de la soif de vivre, l'histoire elle-même est pleine de trous, de facilités, d'errements (en particulier dans le camp gitan), de redites, mais chaque morceau de ce fil de vie est un petit bonheur et la fin bascule dans un certain lyrisme romantique, il fallait oser…
Les personnages n'ont rien d'attendu, la mère est une calamité de mère et c'est Laure Calamy ;-) qui lui donne cette personnalité irresponsable, aimante et pourtant insupportable. Le jeune homme pourrait n'être que beau, ténébreux, voyou et mystérieux, il est aussi d'une grande douceur, avec de la candeur et une part féminine en lui. Et celle qui porte le film, c'est Noée Abita, certes plus âgée que son personnage mais qui fait croire à son enfance qui s'envole, un mélange d'insouciance, de gravité, de révolte joyeuse…
Ce film, c'est Zéro de conduite, Les Ogres et Les bêtes du sud sauvage réunis, et c'est aussi et surtout le premier film d'une sœur artistique de Julia Ducournau, réalisatrice de Grave. A quelques mois d'intervalle, voici deux œuvres marquantes de deux artistes sorties de la FEMIS, sacrée pépinière de talents !

 

Vos commentaires pour ce film

Déçu.
Pas seulement parce qu’un « deux étoilé » du Michelin d’Al1 met les papilles en éveil, mais aussi et surtout parce que ce film distille plein d’envies, de bonnes idées, de sacrées trouvailles même … et qu’au total … la plupart font psschiiit !
Du coup, c’est l’agacement, voire même un peu l’ennui, qui restent en bouche.
Que dire sans trop en dire ?
Le récit est bizarre. Une base très réaliste, plutôt sur le registre du dramatique, et puis, progressivement, une succession d’approximations et d’invraisemblances dans le déroulé de l’histoire. On n’y croit pas une seconde : les chiens qui n’aboient pas dans les placards, les blessures qui se referment, la police qui est là, puis plus, puis qui revient, puis qui re-disparait, le traitement un peu élastique de la cécité dans le noir …. Le scénario m’a qd même semblé un peu foutraque ; pas très solide.
Les images sont travaillées, esthétiques. Trop. Parfois, ça le fait ; souvent ça semble gratuit, justement quand le scénario montre des signes de faiblesse (la sortie du camps de gitans, la fin et la belle lumière sur la belle route …)
Les personnages sont approximatifs, mise à part la mère : un peu folle, immature mais attachante dans ses failles et super bien jouée. AvA, .. mouais .. bien sûr sa cécité progressive est touchante mais, elle ne m’a pas ému. L’amoureux doux … super lisse !

Les trouvailles : une scène géniale au milieu du film (en rapport à l’affiche). Vraiment 5 minutes de bonheur ! Me suis dit que ça partait vers un truc fou … mais non ! La manière de traiter la musique aussi … Et puis une belle idée pas vraiment exploitée : celle d’une société trop policée qui s’obscurcirait telle la vision d’ava.

Déçu, mais avec l’envie de redécouvrir un film de cette réalisatrice


Thierry D., le 13 juillet 2017

 

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