Les bêtes du sud sauvage **

Benh Zeitlin

L'histoire

La vie de Hushpuppy, 6 ans, et de son père malade, dans le Bayou envahi par les eaux.

Avec

Quvenzhané Wallis, Dwight Henry, Levy Easterly, Lowell Landes, Pamela Harper

Sorti

le 12 décembre 2012

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Les bonheurs du cinéma débridé

 

Pourquoi une ambiance vous saisit, alors qu'une autre vous ennuie au plus haut point ? On peut aligner les raisons pour lesquelles un film vous plait, on aura toujours du mal à faire partager son enthousiasme à ceux qui sont restés au bord de l'émotion ou de la fascination…
Ces bêtes du sud sauvage ne répondent à aucun critère classique de qualité cinématographique. Le charme opère -ou pas- de façon mystérieuse, mais profonde.
Ici, c'est plus le style que l'histoire qui surprend, qui embarque le spectateur, qui parvient à lui donner une sensation de douceur moite tout en lui assénant des grandes claques, mettant en danger son équilibre. Ces bêtes du sud sauvage n'ont rien, absolument rien de confortable. Et pourtant, on peut s'y sentir tellement bien…
L'élément liquide baigne tout, les maisons, les corps, les esprits… Rarement un film n'aura autant donné la sensation d'être immergé dans un univers humide. Toute cette eau brille dans l'ombre et la lumière (les deux faces d'une même goutte ?). Elle représente d'une part la liberté, celle d'une communauté vivant dans le Bayou, mais on peut extrapoler et y voir une sorte d'Eden réel, foutraque, chaotique, une utopie réalisée malgré la misère et les maladies. Et puis l'eau finit par devenir une menace, d'abord celle qui tombe du ciel, puis celle qui gangrène tout et transforme peu à peu l'Eden en enfer, lui aussi bien réel.
Les deux aspects ne sont jamais bien loin l'un de l'autre, et ce n'est pas parce que c'est l'enfer que les personnages renoncent à leur liberté de vivre où ils veulent. Le Bassin, cet endroit du Bayou situé du mauvais côté de la digue, où il fait bon vivre parce que les progrès et les contraintes aberrantes de la vie moderne et aseptisée ne l'ont pas atteint, est aussi un lieu clos où l'on peut se sentir enfermé, où l'hygiène n'a pas cours, où les animaux comme les humains tombent malades et meurent par faute de soins. Le père élève sa fille sans interdits, en lui donnant un droit de penser et de s'exprimer, mais ne la protège de rien, ni des intempéries, ni de ses démons et de ses fantômes, et encore moins de lui-même.
La mise en scène épouse cette dualité, cette fuite en avant immobile, désespérée, désespérante et merveilleuse, avec une économie de moyens produisant un maximum d'effets, caméra à l'épaule d'une incroyable vivacité, jeu d'acteurs débridé, montage contrasté à l'extrême (douceur et grande nervosité).
Au final, on n'est sans doute pas tout à fait sûr d'avoir saisi la volonté du réalisateur, une allégorie du Monde qui va mal et qui nous donne pourtant des éclats de bonheur intense ? une simple chronique d'un endroit sur Terre hors du commun ? un prétexte pour faire étalage d'un style surprenant, dérangeant et virtuose ?
Quelle importance, après tout … juste le plaisir d'avoir goûté à un bijou de cinéma, c'est déjà ça !

 

Vos commentaires pour ce film

"c'est beau, émouvant et fort" sans tomber dans le moralisme ni la propagande. Hymne à la vie, leçon de vie dans notre monde en manque d'humanité. Un peu saisie tout le long du film, tant par la musique, que par le jeu de cette petite fille, avec des scènes un peu "hard" ou magnifiques (les larmes montent aux yeux). Quelle belle fable dont on reste un certain temps sous le "choc".

mireille G. le 3 janvier 2013


Film méconnu mais qui sorti de l'ombre le jour où il fut nominé à l'Oscar du meilleur film et à l'Oscar de la meilleure actrice pour Quvenzhané Wallis, Les Bêtes du Sud Sauvage possède autant de bons que de mauvais côtés. Ainsi, en dépit de la prestation impressionnante de la jeune actrice, de son montage sonore qui lui donne des ailes ou du jeu d'acteur de Dwight Henry, la mise en scène trop chancelante, le manque de cohésion entre quelques axes qui se suivent ou son incapacité à nous émerveiller sont autant de déceptions qui enlèvent un certain charme, charme que l'on souhaitait subir au vu des recommandations.

Matthieu H, le 9 mars 2013

 

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