La permission de minuit **

Delphine Gleize

L'histoire

C'est une amitié hors normes. David a 50 ans, Romain en a 13...
David, professeur en dermatologie, fou de son métier, le soigne et l’opère depuis qu'il a 2 ans. Atteint d’une déficience génétique rare, Romain vit à l’écart de la lumière du jour.
C’est "un enfant de la lune".

Avec

Vincent Lindon, Quentin Challal, Nathalie Boutefeu, Emmanuelle Devos, Caroline Proust, Laurent Capelluto

Sorti

le 2 mars 2011

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Le lien d’amour

 

Retrouver Vincent Lindon et Emmanuelle Devos, c’était presque l’assurance d’une dégustation émouvante, après le formidable pas de deux qu’ils avaient offert aux spectateurs dans "ceux qui restent". Tant pis pour la maladie, qui allait sans doute être bien lourde et lester le film, et puis cet adolescent aux faux airs de Mowgli, on allait l’oublier pour ne voir qu’eux, Vincent et Emmanuelle…
Mais au bout de quelques minutes, il faut se rendre à l’évidence, Emmanuelle Devos n’aura qu’un rôle secondaire, primordial pour le déroulement de l’histoire et le tournant de l’histoire du personnage joué par Lindon, mais restant au second plan. La relation entre le médecin et le malade (l’adolescent) est au centre de tout, et elle vous prend à la gorge, et pourtant sans scènes larmoyantes, sans pitié malvenue. Lindon est énorme, absolument énorme. En un regard, une hésitation, un timbre de voix qui dérape, c’est une émotion venue de loin qui vous tombe dessus, vous assomme, vous laisse comme hébété, hagard. Le jeune Quentin Challal qui joue Romain parvient à se hisser à la hauteur de son partenaire, en étant parfaitement naturel, ne montrant pas de douleur mais une envie de vivre, une soif de plaisirs, de sensations, d’amour… Autour de ce duo se construit un récit peut-être un peu bancal, mais allant à l’essentiel, avec des scènes formidablement contrastées, passant de la colère à l’apaisement en un quart de seconde. La mise en scène est au service des émotions, la caméra peut se rapprocher des personnages et privilégier les gros plans lorsque l’intimité est nécessaire, avec un montage nerveux, sec, au plus près des dialogues et des silences. Mais l’ambiance peut aussi être toute autre, comme lors d’une scène magnifique sur un chemin dans la neige, il y a là soudain un espace gigantesque, une vision presque onirique de quelques silhouettes masquées, enfants de la lune marchant en pleine lumière.
Les autres personnages, en particulier la femme du médecin et la mère du malade, incroyablement justes, apportent aussi leur lot d’émotions qui restent gravées, inscrites dans la durée.
C’est un film qui prend par surprise, un peu brutalement. La maladie est plus suggérée que véritablement montrée, elle n’est finalement que le prétexte pour décrire le lien indéfectible entre deux êtres, véritable relation d’amour sans ambiguïté, sans désir, mais d’une force terrible. Merci à la réalisatrice, Delphine Gleize, de nous avoir fait sentir cela.


Attention, il y a dans ce film une scène qui m’inonde de bonheur, parce que… et puis non, je ne le vous dis pas là, il vaut mieux sans doute l’avoir déjà vue, alors allez au cinéma, revenez chez vous et voyez si vous l’avez prise comme moi… l’inattendu au cœur d’une scène.

 

 

 

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