The Square

Ruben Östlund

L'histoire

Christian est le conservateur apprécié d’un musée d’art contemporain. Il prépare sa prochaine exposition, intitulée « The Square », autour d’une installation incitant les visiteurs à l’altruisme et leur rappelant leur devoir à l’égard de leurs prochains. Mais il est parfois difficile de vivre en accord avec ses valeurs.

Avec

Claes Bang, Elisabeth Moss, Dominic West, Terry Notary, Christopher Laesso, Marina Schiptjenko

Sorti

le 18 octobre 2017


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Acidité au carré

 

Le précédent film du réalisateur, Snow therapy, était un vrai pavé dans la neige, grinçant et limpide en même temps. Ce "carré"est lui aussi tout à fait singulier, mordant, pouvant créer une étrangeté entre rire gêné et franc dégoût. C’est la vie du conservateur d’un musée d’art contemporain qui nous est donnée à voir, accumulant les soucis, anodins ou carrément chaotiques, les uns entraînant les autres. Le personnage a quelque chose d’un peu cliché, un intellectuel ayant de belles valeurs humaines mais devant aussi parfois les sacrifier et devenant du coup très pragmatique, avec une efficacité pourtant discutable. Facile à moquer, donc. Les scènes s’enchainent, pas toujours liées mais souvent étonnantes, jusqu’à un certain point : la provocation, la recherche du malaise chez le spectateur ou le politiquement incorrect deviennent au bout du compte un peu systématiques et perdent peu à peu de leur piquant, l’effet de surprise s’émousse lorsqu’on a compris au début de chaque nouvelle séquence qu’elle ne se passera pas comme on pourrait s’y attendre. De plus, au contraire de Snow therapy centré sur la relation au sein du couple, le récit part dans toutes les directions, certaines anecdotiques et comme détachées de l’ensemble. Ainsi, la scène phare du film, illustrée sur l’affiche, mettant en scène une performance artistique d’un goût particulièrement douteux (on est en droit de penser que le "performer"qui mime l’animal sauvage et va finalement jusqu’à la tentative de viol est un sinistre personnage, or ceux qui interviennent finalement pour empêcher le crime sont filmés comme une meute mal agissante… le procédé a quelque chose d’assez immonde) ne semble pas influer sur le cours des événements et sur l’évolution du personnage principal.
Le film peut faire parfois penser au sublime La grande bellezza, par son thème et l’organisation du récit (le quotidien d’un mondain dans un univers où prime l’aspect culturel des choses), mais sans la grâce, sans la beauté, sans la tendresse pour les personnages. Il y aussi quelque chose du très beau film Toni Erdmann parce qu’on assiste à la remise en cause de tout ce qu’un individu a construit pour exister socialement, mais là aussi il manque une bienveillance à l’égard des personnages qui sont ici cueillis en plein déséquilibre et presque toujours ridiculisés par le réalisateur. A trop charger le portrait d’une déchéance, celle-ci perd de sa virulence. Trop d’acidité, au final, tue la saveur.

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