Toni Erdmann *

Maren Ade

L'histoire

Quand Ines, femme d’affaire d’une grande société allemande basée à Bucarest, voit son père débarquer sans prévenir, elle ne cache pas son exaspération. Sa vie parfaitement organisée ne souffre pas le moindre désordre. Ce père encombrant et dont elle a honte fait tout pour l'aider à retrouver un sens à sa vie en s’inventant un personnage : le facétieux Toni Erdmann…

Avec

Peter Simonischek, Sandra Hüller, Michael Wittenborn, Thomas Loibl

Sorti

le 17 août 2016


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Déstabilisation maximum

 

Vendu comme une comédie décalée (la "comédie allemande" du dernier festival de Cannes, repartie bredouille, boudée finalement par le jury, alors qu'une partie de la presse la voyait remporter un prix prestigieux), ce film est effectivement décalé, troublant, déstabilisant, à l'image de son personnage principal masculin, mais il n'est absolument pas une comédie ! Il y a bien quelques moments drôles, qui déclenchent des rires nerveux difficiles à contenir à la vision de ces situations pathétiques. Un humour fugace plutôt sombre ne transforme pas en comédie une œuvre au fond très pessimiste…
C'est l'histoire d'un sauvetage, ou de la tentative de sauvetage d'une jeune femme par son père. Sauf que la fille n'a rien demandé, et que son géniteur s'y prend avec une méthode particulièrement… particulière. En créant le personnage fictif de Toni Erdmann, le père rend toutes choses glissantes, tout peut arriver, ou pas. Le spectateur peut trouver toute la première partie, avant l'entrée en scène de Toni Erdmann, un peu longue, une description légèrement fastidieuse d'un certain monde de l'entreprise qui semble peut-être juste, peut-être aussi un peu exagérée, avec quelques clichés et attendus. Mais la deuxième partie, ce grand dérapage totalement incontrôlé, ne prend son sens qu'à partir du moment où l'on a compris le niveau de perdition de la femme dans un monde froid et cruel.
Les deux acteurs font des miracles. Lui bien sûr (Peter Simonischek), sorte d'ours très mal léché, joue admirablement avec la maladresse, la lourdeur feinte, le décalage perpétuel. Une sorte de Jean Yanne tendre influencé par Godard. Improbable et pourtant un vrai beau personnage de cinéma. Elle (Sandra Hüller), dans un rôle finalement encore plus difficile, un peu ingrat, porte son personnage très haut : toute la séquence de l'anniversaire, à partir de la robe qu'elle désenfile, est un immense bonheur…
Le film a, au final, la grande intelligence de ne pas donner de leçon, de ne pas retourner totalement les personnages, de laisser beaucoup de doutes et un goût d'inachevé.

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