Oh… quand sont les prochaines
vacances, pour que nous allions faire un tour à Rome, sur
les traces de Jep Gambardella ? Il a une classe terrible, cet homme,
une élégance formidable, celle de ces personnes qui
savent que leur mort est beaucoup plus proche que leur naissance
mais qui ne s'avouent pas vaincues par les regrets ou les remords.
Il se promène dans Rome et dans sa vie avec de la nostalgie
certes mais avec une curiosité d'enfant, avec une soif de
goûter aux saveurs de l'existence, à la grande beauté
à portée de main et de regard, aux femmes et aux lumières
du petit matin, aux soirées à refaire le monde avec
quelques amis, aux sourires délicats posés sur les
évènements minuscules d'un été romain…
Pour peu qu'on se laisse aller à ce mélange de douce
contemplation et de dialogues échevelés entre sexagénaires
bouffeurs de vie, parsemé d'éclats de pure beauté
et d'explosions de musiques et de danses en tous genres, on peut
tomber sous le charme et passer deux heures et demi avec un sourire
intérieur mais béat, comme si on était légèrement
éméché et que la vision de tout ce qui nous
entoure s'en trouvait embellie, arrondie, un peu dorée…
Malgré toute cette splendeur, la dérision plane, constante,
le ridicule sublimé n'est jamais très loin, comme
chez cette religieuse qui ressemble à Mère Térésa,
mi-sainte, mi-bête de foire.
Bien sûr, on peut trouver le film trop long, les dialogues
sans queue ni tête, la quête vaine, le scénario
sans intrigue… il est d'ailleurs inutile d'en chercher une,
il n'y en a pas, le récit suit Jep Gambardella dans ses errances
solitaires, ses rencontres hallucinantes, ses retrouvailles émues,
comme un parcours sans jalons, comme un poème en liberté,
une ode à la vie et au plaisir, avec en filigrane, la mélancolie
du temps qui passe.