Snow therapy **

Ruben Östlund

L'histoire

En vacances dans les Alpes, une famille suédoise est confrontée à une avalanche. Face au drame, les réactions sont surprenantes...


Avec

Johannes Bah Kuhnke, Lisa Loven Kongsli, Clara Wettergren, Kristofer Hivju, Fanni Metelius

Sorti

le 28 janvier 2015


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Malaise délectable

 

Grinçant, acide, glacial et délectable… Voici un film qui emmène le spectateur là où il ne s'attend pas. Il est question d'une avalanche et des dégâts qu'elle cause, non pas matériels, mais psychologiques. Une famille en est la victime. Une famille suédoise en vacances hivernales dans une station de ski haut de gamme, dans les Alpes. Une famille idéale, en harmonie avec elle-même ? pas exactement, et cela se sent dès les premiers instants, au cours d'une scène de pose photographique étrange et drôle, où l'insistance du photographe peut créer un effet comique mais aussi un malaise… Toute l'ambiance de ce qui va suivre est là : il y a matière à s'amuser de la situation, des rapports entre les personnages, et pourtant une gêne diffuse nuance la vision que l'on peut en avoir.
La station, étrangement déserte, fournit un décor très étonnant. Les pistes de ski, larges, vidées de tout autre skieur, ont un aspect presque théorique, comme un éden alpin où il est impossible d'être mal à l'aise, de même que l'hôtel qui héberge la famille, tapissé de bois neuf, craquant, d'une chaleur sèche donnant une impression de luxe simplifié, une ambiance très zen, d'un calme (presque) absolu. Mais tout est dans ce (presque) : les quatre membres de la famille morts de fatigue après la première journée de ski, avant l'avalanche donc, étalés tous sur le même lit parental, peuvent donner l'illusion d'une union limpide. Mais un téléphone qui vibre, quelques mots échangés, des sourires, et l'on sent des craquelures dans la façade si lisse.
L'événement impressionnant qui intervient plus tard dans le séjour n'est donc qu'un révélateur, un déclencheur sur une situation déjà en place. Dans ce qui suivra, la place de l'homme dans la famille, dans le couple, sera au premier plan, mais c'est bien tout l'équilibre des relations qui est questionné… Le réalisateur se pose en observateur de ce qui se passe, comme un chercheur apportant un élément perturbateur dans un milieu naturel et notant scrupuleusement les changements, petits ou grands qui en résultent. Sa mise en scène est pleine d'audaces, dans les cadres, les longueurs assumées, les silences dans les conversations, dans les transitions parfois brutales, dans les quelques absence d'explications, dans l'aspect volontairement irréel du contexte. Il y a quelque chose qui s'apparente à un cinéma d'épouvante mais aussi à l'étrangeté des premiers films des frères Coen, utilisant un humour froid, distancié, cruel. Le travail sur le son est incroyable, le feutré des ambiances neigeuses est rendu à la perfection, l'intrusion récurrente d'un morceau célèbre de Vivaldi (dans baroque, on entend rock…) apporte un côté percussif à l'ensemble, c'est le film parfait… avec peut-être une fin un peu bancale, ou glissante, qui laisse le spectateur un poil dubitatif.
Mais cette légère déception, c'est peanuts au regard de tout ce qui a précédé. A ne pas conseiller à une petite famille en partance prochaine pour des vacances à la neige… ou si, peut-être.

 

Vos commentaires pour ce film

Le titre original de ce film suédois est "Force majeure", il se passe dans les alpes françaises, mais les sujets qu'il traite sont universels : qu'est-ce qu'un couple, une famille, un père, un homme, un ami ? La vie de famille est-elle une imposture, peut-on être soi même et peut-on faire de nouveau confiance après une défaillance ?
Malgré quelques longueurs, ce film grinçant fait parfois sourire et donne à voir des portraits de femmes et d'hommes et à entendre des dialogues très justes.
À voir pour ensuite en parler et se poser honnêtement cette question : j'aurais fait quoi à sa place ?


Isabelle E-C, le 7 février 2015

 

Envoyez votre commentaire