Dès la première
scène, on se croirait dans un film de Ruben Östlund
(Snow Therapy,
The Square, Sans
filtre). La même acidité, la même analyse
des rapports humains, le même regard désabusé
sur la bienveillance feinte, l'empathie forcée, les déclarations
d'intentions au filtre de la réalité des actes. La
jeune femme malade d'elle-même, ou se rendant malade toute
seule, c'est une métaphore de notre société
basée sur le paraître, l'égocentrisme, la soif
de reconnaissance. Le curseur de l'absurdité est ici poussé
très loin, si loin que le récit s'apparente à
une farce : difficile de s'identifier. En conséquence, le
film est plus dingue qu'amer, assez confortable, plus sans doute
que les œuvres de Ruben Östlund, puisque jamais, absolument
jamais (?) nous ne pourrions nous retrouver dans la situation que
la jeune fille s'inflige elle-même. En tant que spectateur,
nous sommes effarés, choqués, mais le réalisateur
nous installe dans une position de voyeur et de juge, ce qui affaiblit
la portée de son message. Le dérangement créé
pourrait être bien plus insidieux avec un peu plus d'ambiguïté
dans le cheminement de la jeune femme vers une sorte de folie.