Ce sont presque trois moyens
métrages mis bout à bout, qui une fois réunis
composent un jeu de massacre des classes sociales très aisées,
à la fois acerbe et joyeux.
Le récit est très organisé, procédant
par rajouts successifs d'immondices (morales et physiques), d'échanges
complètement politiquement incorrects et parfois drôles,
très drôles, de situations effarantes, ridicules ou
pathétiques. Mais il est aussi semé d'invraisemblances,
qui, selon le degré d'acceptation du spectateur, passent
pour une créativité débridée ou plombent
le message. Quoi qu'il en soit, la mise en scène emporte
le tout, large, presque théâtrale, allongeant les scènes
parfois jusqu'au malaise, insistante, dérangeante.
La première partie, un condensé de scènes de
vie conjugale, a de quoi faire se reposer toutes les questions qu'on
peut aligner sur le couple, en les revisitant une par une, l'attachement,
l'argent, la domination, la manipulation et pour finir, l'amour
ou bien ce qu'il en reste. Décapant, édifiant, effroyable.
La deuxième partie fonctionne comme une série de sketches
présentant les personnages embarqués dans une croisière
immobile, et dont leur mesquinerie humaine n'a d'égal que
leur immense fortune. Puis les voilà confrontés à
une tempête qui fait valser tous leurs principes affichés,
et c'est assez jouissif de les voir ainsi sans leurs attributs qui
font d'eux des dominants. Ils sont simplement des loques humaines.
La dernière partie, pleine de bonnes idées, est la
plus bancale, lestée par trop d'aberrations, ressemblant
à une émission de télé du type survie
sur une île déserte, avec une redéfinition des
statuts sociaux. Vraiment intéressante mais moins aboutie
que les deux premiers tiers du film.
Au final, l'œuvre est plus percutante que The
Square, mais moins efficace que Snow
Therapy.
