Perfect sense **

David MacKenzie

L'histoire

Au milieu d'un monde frappé par une étrange épidémie qui détruit progressivement les cinq sens, un cuisinier et une brillante chercheuse tombent amoureux...

Avec

Ewan McGregor, Eva Green, Ewen Bremner, Connie Nielsen

Sorti

le 28 mars 2012

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

L'amour des sens

 

Est-ce l'année (2012, celle de la fin du monde…) ou bien quelque chose qui flotte dans l'air ? la mode est aux films apocalyptiques. Pas ceux gonflés aux effets spéciaux et qui racontent toujours la même histoire, celle de loosers (américains, forcément américains) qui sauvent le monde ou ce qu'il en reste, avec des wagons de bons sentiments et une Humanité réduite aux bons et aux mauvais. Non, pas ceux-là. Plutôt "Melancholia", ou bien "Another earth", comme une façon de voir un monde qui s'éteint avec une poésie et une délicatesse parfois douloureuses, parfois splendides, toujours surprenantes.
Perfect Sense s'inscrit dans cette veine, mais pas tout à fait. Ici, l'extinction vient de l'intérieur, un à un les sens disparaissent, l'odorat en premier, puis viennent les autres. Aucune explication scientifique n'est donnée, la façon dont les choses arrivent pourrait parfois prêter à sourire mais on s'en moque, il s'agit d'une histoire, c'est du cinéma (au sens le plus noble du terme), le réalisateur ne cherche pas une quelconque crédibilité, le spectateur -s'il parvient à s'en laisser conter- ne regrettera pas le voyage…
Si le récit se contentait de montrer ces pertes inéluctables, leurs conséquences et les différentes réactions des humains, cela serait certes plutôt intéressant (et inédit, semble-t-il), mais il y a en parallèle une histoire d'amour, une histoire qui sans la perte des sens, ne serait rien d'autre que la naissance d'une relation comme il y en a tant de part le monde, avec ses hauts et ses bas, ses extases et ses terreurs intimes…
Le film prend une dimension incroyable avec la coexistence des deux histoires, d'une part celle de l'Humanité qui perd ses repères, son sens, ses raisons de continuer à vivre… et d'autre part celle de deux êtres qui malgré tout (et peut-être même à cause de tout) s'aiment et goûtent pour la dernière fois aux bonheurs infinis de tous les petits riens, un regard, un mot, un souffle sur la peau, un soupir, une larme…
Le réalisateur ose le romantisme, il dit ce que tant d'autres ont clamé avant lui, le Monde n'a pas de sens sans amour. Mais ici, le sens est multiplié, il est pris au pied de la lettre et à ce titre, le film se rapproche de façon surprenante d'un autre chef d'œuvre, "l'étrange histoire de Benjamin Button", où le sens des choses avait une importance magnifique et désespérée. Ewan McGregor et Eva Green, comme Brad Pitt et Cate Blanchett, sont des amants sublimes, aux prises avec le temps et son inéluctable meurtrissure (la perte des sens, n'est-ce pas, en quelque sorte, une image de la vieillesse ?). Sublimes parce qu'en dépit des épreuves, de la vie qui perd de son sel, ils continuent à s'aimer, avec une douceur infinie.

 

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