Rhoda, le personnage principal
de cette "autre Terre", est en quelque sorte une petite
sœur de Justine, la mariée dépressive de "Melancholia"
de Lars von Trier. Malheureuses toutes les deux dans ce Monde, elles
sont prêtes à le quitter… passe une planète
et voilà leur vœu à portée. L'astre en question
est-il purement imaginaire, un fruit de leur subconscient, ou bien
une astuce simpliste due au manque d'inspiration des scénaristes
? Tout cela, et rien de tout cela, car au fond, la crédibilité
scientifique n'a absolument aucune importance : l'autre planète,
qu'elle soit destructrice ou une jumelle possible, lieu de rédemption
ou de tous les possibles, est surtout une image poétique, un
ailleurs fantasmé, une métamorphose de la réalité.
Elle permet tous les délires, et ça n'est pas à
proprement parler de la science-fiction, puisque de science, il n'y
en a pas une goutte.
Ici, comme d'ailleurs dans "Melancholia", l'histoire de
quelques terriens très humains est bien au centre du récit,
la façon dont la jeune femme réveille à la vie
un homme brisé apporte quelques émotions, et même
si ce mélange de culpabilité et de tentative de rachat,
teinté doucement par la naissance d'un sentiment amoureux,
ne paraît pas très novateur, la manière de filmer
apporte quelque chose de nouveau, il y a comme une vibration, une
fragilité, des audaces qui ne fonctionnent pas toujours et
parfois si, et alors elles frôlent le très, très
beau, comme lorsque Rhoda raconte l'histoire du cosmonaute russe qui
pour supporter un bruit insupportable, décide d'en tomber amoureux,
et le bruit se transforme en musique… Dans les regards des deux
personnages, passent des émotions, des images, des espaces
de légèreté… On est bien loin du film parfait,
mais indéniablement, il y a du charme là-dedans, cette
autre Terre vaut qu'on s'y envole, juste un petit instant.