Melancholia *

Lars von Trier

L'histoire

À l'occasion de leur mariage, Justine et Michael donnent une somptueuse réception dans la maison de la soeur de Justine et de son beau-frère. Pendant ce temps, la planète Melancholia se dirige vers la Terre...

Avec

Kirsten Dunst, Charlotte Gainsbourg, Kiefer Sutherland, John Hurt, Charlotte Rampling, Stellan Skarsgard

Sorti

le 10 août 2011

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

La vie engloutie

 

Trois films en un, le meilleur est le plus court et vient en premier. Cinq minutes proprement hallucinantes (et ici, le terme n'est pas galvaudé), d'une beauté impitoyable, dans une sorte de prologue lugubre et splendide. C'est absolument poétique (images sublimes), terriblement romantique (Wagner !!!), lumineusement sombre (la fin du Monde, quand même…). Cinq minutes qui valent à elles seules le déplacement, cinq minutes à voir et à revoir, mortellement créatives.
Le deuxième film est beaucoup plus long, une heure sans doute. On pense à Festen, sauf que l'anniversaire est ici remplacé par un mariage sinistre, dans un manoir froid silencieux. La mariée cache très bien sa déprime au début, beaucoup moins ensuite… Sa vision de la vie n'est pas dévoilée, pas d'explication à ses angoisses, pas de justification de son absence (d'esprit d'abord, puis de corps). Le rapport avec la fin du Monde annoncée en préambule paraît assez flou, mais on est tout de même intrigué par ce personnage pas très attachant, mais suffisamment mystérieux pour exciter l'intérêt. Kirsten Dunst emmerde tout le monde, mais comme tout le monde a l'air soit trop gentil, banal et sans avantages (le marié, le petit garçon…) soit égoïste et au moins aussi pénible qu'elle (les parents, le patron, …), on la comprend, on finit même par souhaiter qu'elle plaque tout et s'en aille toute seule affronter la fin du Monde qui n'en finit pas d'arriver.
Le troisième film est centré sur la sœur de la mariée, qui est un ange (Charlotte Gainsbourg, bien choisie…). Elle a organisé les festivités, a géré les sautes d'humeur de sa sœur, a presque gardé son sourire de bout en bout, et lorsque sa dépressive de frangine revient chez elle avec une tête de déterrée, elle se met en quatre pour elle. Mais rapidement, c'est bien l'arrivée de la planète Melancholia qui prend le dessus dans le récit. On pense alors à tout, sauf à Armageddon. L'attente de l'événement redouté, ou souhaité, et de toutes façons inévitable, est filmé sans aucune échappée vers l'extérieur, on ne saura rien d'autre que ce que vivent les deux sœurs et le fils de l'une d'elle. Plus la fin se rapproche et plus la mise en scène et le récit vont vers l'épure… et lorsque tout est terminé, achevé, démesurément englouti, on se surprend soi-même à se trouver encore vivant.
Plus qu'un film, c'est une expérience aux images rémanentes, quelque chose comme un cauchemar éveillé. On peut rester extérieur à cela, on peut aussi être absolument fasciné, mais on ne peut qu'admettre qu'il s'agit d'un cinéma hors normes, un cinéma extraordinaire, vraiment.

 

 

 

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