Titane

Julia Ducournau

L'histoire

Après une série de crimes inexpliqués, un père croit retrouver son fils disparu depuis 10 ans.

Avec

Vincent Lindon, Agathe Rousselle, Garance Marillier, Bertrand Bonello, Laïs Salameh

Sorti

le 14 juillet 2021


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Redondance

 

Ainsi, il aura fallu quatre ans à Julia Ducournau pour donner une suite de son œuvre, après Grave, véritable bombe dans le sage paysage du cinéma français.
Attendue, précédée d'une rumeur volcanique, encensée par les uns, étrillée par les autres, voici Titane, comme la matière mais aussi comme un féminin fantasmé de Titan.
Le saut entre Grave et Titane, du point de vue des moyens et de l'attente, est comparable à celui réalisé par Beineix entre Diva et La lune dans le caniveau, excepté l'accueil au festival de Cannes : Beineix était reparti bredouille et couvert d'opprobres, Julia Ducournau est quant à elle couronnée d'une palme qui sent tout de même un peu la prime au féminisme.
Là où Grave utilisait les effets de mise en scène et le gore comme des ressorts au récit, Titane en regorge (de gore et d'effets) jusqu'à l'indigestion. Rien n'est gratuit, la violence à l'écran est sans doute nécessaire pour montrer le personnage d'une mutante aux prises avec tous ceux qui l'entourent (dans la naissance de ce personnage, il y a aussi, sans doute bien involontairement, quelque chose de Lucy ou de Nikita, de Luc Besson), mais les images, le son, la musique, le scénario, tout va dans le même sens, il y a de la surenchère, de la redondance, le spectateur est comme enfermé dans cette abondance de moyens pour signifier l'étrangeté, le transhumanisme. Grave avait une construction progressive du bizarre et au final, ce qui choquait ne franchissait jamais complètement les limites de l'irréel. Titane se vautre très vite, trop vite, dans une bouillie surnaturelle de sang et de métal qui manque singulièrement d'ironie et d'humanité. Du coup, les petites pointes d'humour (vous êtes combien, là-dedans ?) paraissent presque incongrues, et les personnages… disons "raisonnables", comme la mère du fils disparu, prennent une épaisseur formidable et montrent par contraste ce qu'aurait pu être le film avec un peu plus de subtilité.
Il reste que Julia Ducournau a du talent, c'est certain, que sa palme n'est pas déméritée, que son film sort de l'ordinaire et ne laisse pas indifférent, et qu'on attend déjà son troisième avec impatience.

 

Vos commentaires pour ce film

Un film perturbant, violent, étrange et imprévisible sur deux cabossés, Agathe Rousselle androgyne quasi-muette de nature très torturée, Vincent Lindon dopé aux stéroïdes dans un tourbillon entre folie et amour. La bande-son colle parfaitement à l’ambiance, magnifique travail sur les effets spéciaux, les maquillages, les corps y sont malmenés, mutilés, agressés,
Un film immersif, tendu, parfois dérangeant, mais aussi très fascinant.


Dominique P, le 24 juillet 2021

 

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