Bien sûr il y a le savoir
faire de Sorrentino, l'élégance des plans même
lorsque la vulgarité domine, la beauté formelle, les
couleurs choisies, l'alliance de la musique avec les mouvements,
le jeu des ralentis, l'étrangeté parfois saisissante
de certaines scènes (assez rares tout de même). Mais
tout cela est au service d'un personnage (et aussi de tous ceux
qui l'entourent, de près ou de loin) sans grand intérêt.
Pour l'aspect vaguement, très vaguement shakespearien du
petit roi avide de pouvoir et ne vivant que par l'attrait qu'il
suscite, Monsieur Berlus Connerie est dépassé. Il
est vide, sans valeurs, ignoble avec certains et Sorrentino n'en
fait ni un crétin magnifique, ni un monstre abject. L'homme
politique est corrompu, le mari est lâche, le fêtard
est triste. Et deux heures et demie avec un type aussi peu attachant,
c'est long. D'ailleurs Sorrentino en est peut-être conscient
et ne le fait apparaître qu'au bout de quarante minutes. En
guise d'introduction, le récit laborieux d'un autre triste
sire qui tente par tous les moyens (essentiellement, des filles
en guise d'appât) de s'approcher de celui qu'on appelle LUI…
en lettres capitales.
Deux personnages résistent au Silvio, un footballeur et une
apprentie comédienne qui ne sont même pas excessivement
sympathiques, tout juste à peu près fréquentables.
La performance de Toni Servillo est assez étonnante, mais
ne sauve pas le film d'un ennui grandissant. Tout cela reste au
ras des piscines et des pots de vin. Pas de quoi s'extasier, au
contraire de Youth
et de la Grande
Bellezza.