Voici donc Samba, le film qui
vient après le succès phénoménal de
l'inattendu "Intouchables".
Il aura au moins un mérite, attirer dans les salles un public
qui vient rarement au cinéma et lui faire découvrir
(éventuellement) une petite partie de la réalité
du quotidien des sans-papiers. En dehors de cela, il n'y a pas grand-chose
à retenir de ce méli-mélo qui tente de mixer
la comédie et le drame. Charlotte et Omar sont pourtant parfaits
et font ce qu'ils peuvent, avec toute la finesse de jeu dont ils
disposent (au passage, Omar Sy confirme qu'il est, lui, un véritable
acteur, capable de passer d'un registre à l'autre, au contraire
de beaucoup de ses congénères venant de la télé).
Mais le film souffre d'un défaut majeur d'écriture,
cherchant son véritable sujet tout au long de sa durée.
Serait-ce une énième comédie (romantique ?)
sur la rencontre entre deux personnages qui ne sont pas du même
univers ? Le thème n'est pas vraiment traité, on ne
voit jamais l'un des deux se confronter véritablement au
monde de l'autre, et l'entourage familial et amical du personnage
joué par Charlotte est curieusement absent (oui, bien sûr,
le "burn-out" a fait le ménage, mais cela sonne
comme une esquive commode). D'autre part, mis à part quelques
scènes où l'humour fonctionne, l'ensemble n'est pas
drôle, manque de rythme et le récit n'a rien d'irrésistible.
Serait-ce alors, comme "Welcome",
une incursion du cinéma populaire français dans la
honteuse réalité sociale des étrangers en situation
irrégulière ? Quelques éléments montrent
que le film parait bien documenté mais l'aspect dramatique
d'une partie du récit franchit les limites du pathétique.
C'est soudain beaucoup trop grave, et le passage entre la comédie
et la tragédie est fatal pour la crédibilité
de l'ensemble. Les seuls moments où les deux aspects parviennent
à cohabiter dans une sorte de dérision qui, là,
fonctionne, se trouvent dans les scènes qui montrent le fonctionnement
de l'association d'aide aux sans-papiers. Les mamies qui font ce
qu'elles peuvent mais qui sont vite larguées par les évènements,
les étrangers qui exposent leurs soucis ("n'a plus !"),
le joyeux bordel un peu désespérant qui en découle,
tout cela apporte au film ses meilleurs séquences, malheureusement
beaucoup trop rares.