Intouchables

Précédés d'une rumeur (le film de l'année, c'est sûr…), puis auréolés de critiques élogieuses venant de toutes parts, enfin plébiscités par le public qui lui fait un triomphe (2 millions d'entrées en première semaine, puis 3 millions en deuxième semaine…), ces "Intouchables" font du bien, drôles, émouvants, humains… On en sort avec un moral d'acier, et c'est peut-être la raison principale de ce succès, en ces temps de crises en tout genre.
Le scénario, même "inspiré d'une histoire vraie", est assez léger, sans coups de théâtre, retournements de situations ou enchaînements de faits au suspense insoutenable… rien de tout ça, juste une rencontre, hautement improbable, une amitié entre deux êtres que tout oppose. On a déjà vu cela au cinéma de nombreuses fois, avec plus de profondeur et moins de gags parfois faciles, mais il y a là, entre ces deux personnages, une chaleur, une tendresse, une bienveillance, une sorte de "délicatesse"… En amitié aussi il peut y avoir des coups de foudre, comme ce qu'éprouve Philippe (François Cluzet) pour Driss (Omar Sy).
Ce qui fait du bien aussi, c'est la simplicité des personnages, leur proximité. Ce ne sont pas des surhommes, des exemples de bonté, des saints. Ils aiment, donnent, partagent, mais aussi doutent, mentent, trahissent, comme tout le monde. Les deux acteurs sont pour beaucoup dans cette réussite, dans cette empathie qu'on a pour eux, presque immédiatement. Mis en scène avec sincérité, sans effets, avec une caméra discrète et un montage traditionnel, le film ne révolutionne pas le cinéma. Il n'évite pas non plus bon nombre de clichés sur la description des deux milieux sociaux, le riche aime la musique classique et l'art contemporain, le pauvre issu de la banlieue préfère –et ça n'est pas peu dire- le funk et conduit comme un dieu (d'ailleurs, il sort de prison pour avoir braqué une bijouterie). On pourrait trouver encore une longue liste de sujets d'agacement, que ce soit sur la forme ou sur le fond, mais finalement tout cela est vain : le film est formidable, il a la faculté d'emporter, de faire rire et pleurer dans la même minute, il fait rêver et s'imaginer que le monde n'est pas si pourri que ça.

Cerise sur le gâteau, j'ai assisté à une nuit de tournage de ce film, en décembre dernier, ça n'était pas complètement formidable, beaucoup de choses m'avaient alors choqué, mais c'est étonnant de voir comment cette dizaine d'heures de travail aboutit à ces quelques minutes sur l'écran…