Welcome **

Philippe Lioret

L'histoire

Un maître nageur à la piscine de Calais, en instance de divorce, prend le risque d'aider en secret un jeune réfugié kurde qui veut traverser la Manche à la nage.

Avec

Vincent Lindon, Firat Ayverdi, Audrey Dana, Patrick Ligardes, Olivier Rabourdin, Derya Ayverdi

Sorti

le 11 mars 2009

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1
L’Humanité

 


 

 

 

 

 

Philippe Lioret, c’est l’assurance d’une très élégante façon de raconter des histoires émouvantes, des histoires d’amour le plus souvent, où les regrets et la mélancolie prennent le pas sur les happy-ends attendus dans ce genre de films. Parvenant à imposer sa petite musique, il a gagné la confiance du grand public, avec notamment pas loin d’un million de spectateurs pour son très émouvant "je vais bien ne t’en fais pas". Ses préoccupations sociales ou politiques semblaient assez ténues, elles n’étaient qu’une partie du décor. Aussi, Welcome avait tout pour inquiéter : un sujet grave, où il faut prendre partie, et deux histoires d’amour presque classiques en parallèle, qui ne semblaient pas renouveler l’univers du réalisateur.
Le résultat est une merveille de film, parti pour s’inscrire durablement dans le panthéon des œuvres traitant d’un sujet contemporain, dénonçant sans concessions, sans oublier de raconter une histoire qui en fera pleurer plus d’un. D’une certaine façon, il a quelque chose à voir avec les films des quelques Américains qui osent s’attaquer, par le biais du divertissement, à la politique menée par leur gouvernement. Et cela, pour un film français, c’est une sacrée surprise.
La base documentaire semble très juste, parlant des conditions désastreuses des immigrés candidats à la traversée illégale de la Manche pour rejoindre l’Angleterre. Le mot Sangatte n’est jamais prononcé, mais il est dans tous les esprits, et le film a le mérite de rappeler que la fermeture du camp, devenue inévitable et voulue par ceux qui le géraient, n’a rien résolu : les décideurs (et parmi eux, l’un est très connu, son apparition furtive dans le film sur un écran de télé est formidablement porteuse de sens) n’ont fait qu’empirer la situation en ne proposant aucune solution alternative. Puisse le film, comme l’avait fait Indigènes à son époque et pour une autre cause, éveiller les consciences, faire remonter la honte, changer les mentalités et les lois.
Dans Welcome, il n’y a pas que l’aspect documentaire, le film n’est pas sec : il est porté par deux histoires d’amour, l’une finissante, mal en point, avec un Vincent Lindon magnifique, sobre et déterminé, d’une humanité pas forcément spontanée : l’aide qu’il apporte au jeune kurde est d’abord une façon de reconquérir sa femme, en lui montrant de quoi il est capable. Mais c’est tellement humain, tellement bien vu ! Audrey Dana, déjà vu dans le dernier Lelouch où elle apportait beaucoup de créativité, est ici un bloc d’émotion, c’est une actrice à suivre, et vite !
L’autre histoire d’amour a le mérite de ne pas idéaliser le monde des immigrés : ils ont eux aussi des mentalités arriérées et le drame qui se noue peu à peu prend racine autant dans l’aberration des frontières que dans l’archaïsme familial qui entoure la jeune kurde.
C’est donc, émergeant largement de la masse, un film français ambitieux, puissant, digne, d’une très grande force narrative, à voir de toute urgence !

 

 





 

 

Vos commentaires

J'ai bien aimé, vraiment.
Bien aimé que Simon (V. Lindon) soit un type normal, un peu indifférent au monde, un peu auto-centré sur ses problèmes à lui, un peu menteur à l'occasion... touchant dans ses contradictions et dans ses faiblesses
Bien aimé que son engagement progressif vis-à-vis de Bilal, jeune kurde qui souhaite rejoindre l'Angleterre, soit tout en nuance, hésitant, animé tout autant par une sorte de transfert personnel, que par engagement politique...
Bien aimé la manière dont Philippe Lioret croise les destins de ses personnages (Simon et sa femme, Bilal et son amie ...), que tout sépare (l'âge, l'histoire, la situation sociale, la culture, les libertés, les aspirations...) mais qui se rencontrent néanmoins sur des choses furtives et essentielles
Bien aimé la manière dont est filmée la situation des réfugiés, avec pudeur et sans pathos
Bien aimé finalement que l'histoire résulte d'une succession de sentiments, tous bien traités : la peur, la violence, la lâcheté, la dérision, l'amour, le renoncement, la solidarité, ...
Et puis, les débats que ce film déclenche me paraissent importants, essentiels même.


Thierry D, le 15 mars 2009


Touchante cette quête de ces deux hommes, ils veulent tous deux retrouver leur amour et mettent en oeuvre l'un et l'autre des stratégies qu'on souhaite voir aboutir. Vincent Lindon donne très envie de le consoler et d'excuser par là-même les moyens moralement douteux et plutôt opportunistes qu'il met en oeuvre pour reconquérir sa femme.
(J'ai réagi à la première réplique de sa femme quand ils se rencontrent à la supérette, évident !!! une enseignante!!! parenthèse anecdotique)
par moments on a l'impression d'un documentaire sur ces hommes qui vivent tous dans l'attente d'une hypothétique chance d'atteindre l'Angleterre. C'est assez dérangeant de voir le comportement des policiers français.
film à voir et revoir à mon sens.


Isabelle M, le 20 mars 2009


De l'autre côté de la mer, l'amour. Un film reportage sur le sort des émigrants, un terrible drame humain, avec une longue introduction… étouffante!
Après, l'amour et l'amitié sont filmés avec beaucoup de pudeur, un film révoltant, d'une incroyable richesse d'émotions de sentiments.


Dominique P. le 5 avril 2009


POUR UN LUNDI DE PAQUES, je n'ai pas choisi la gaieté! en allant voir WELCOME, mais je ne le regrette pas.
Je suis sortie de la salle, les yeux mouillés, attristée, affligée et révoltée devant les conduites policières, mais surtout impuissante devant ce sujet dramatiquement d'actualité. le sujet est sûrement difficile à traiter pour les politiques mais de là à envisager le"délit de solidarité" avec emprisonnement, je préfère et me sens capable encore d' agir dans le cadre de "l'assistance à personne en danger."
J'aimerai encore mieux le faire en plus, par "Amour" comme eux, mais l' idéologie me suffira.


Mireille G. le 14 avril 2009

 

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