Une nouvelle amie *

François Ozon

L'histoire

À la suite du décès de sa meilleure amie, Claire fait une profonde dépression, mais une découverte surprenante au sujet du mari de son amie va lui redonner goût à la vie.

Avec

Romain Duris, Anaïs Demoustier, Raphaël Personnaz, Isild Le Besco, Aurore Clément

Sorti

le 5 novembre 2014


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Oser l'émotion

 

La filmographie de François Ozon, c'est un peu la déception permanente : à chaque nouveau film, tout est attirant, le thème, les personnages, les acteurs, et puis la sauce ne prend pas, de l'essai horriblement kitch de "Potiche" à la légèreté affligeante de "Jeune et jolie".
Cette nouvelle amie, a priori, ne déroge pas à la règle, la bande annonce est à la fois attirante et désespérante (on a tous compris que Duris se travestit… où est le suspense ?), le scénario est une adaptation de Ruth Rendell qui ne trempe pas sa plume dans l'inconsistance, et il y a Anaïs Demoustier qui sous ses allures d'innocente sans densité, révèle souvent les profondeurs de ses personnages.
Le début du film peut faire fuir, présentant l'enfance de deux petites filles, puis leur adolescence, jusqu'à leurs mariages respectifs… couleurs criardes, raccourcis très explicatifs, ambiance irréelle, c'est le pire de ce que sait faire Ozon, aucun mystère, sous entendus absents ou bien tellement énormes qu'ils en sont ridicules. Passé cette entrée en matière épouvantable mais sans doute nécessaire, le récit commence enfin, et l'on peut mettre un certain temps à se débarrasser de cette mauvaise impression initiale.
Une certaine irréalité demeure, dans les lieux, les décors… deux maisons gigantesques tout droit sorties d'espaces très résidentiels pour riches américains, mais avec, à proximité, des zones commerciales et des tours de bureaux tout à fait françaises, jusque dans leur triste banalité. Les rapports entre les personnages ont également cette dualité : un couple décrit à grand renfort de clichés et d'éléments attendus, et la naissance d'une amitié (?) complètement étrange, surprenante, almodovarienne… La comparaison avec le réalisateur espagnol est inévitable, certains diront qu'elle est au désavantage d'Ozon.
Le suspense ne réside pas dans l'identité de celui qui se travestit, cela est montré très vite, tout de suite, mais dans ce qui vient ensuite. Les relations entre les personnages emportent le récit vers quelque chose d'inattendu dans une œuvre d'Ozon : l'émotion. Malgré l'ambiance sociale qui reste très peu crédible, malgré les quelques nouveaux lieux (l'hôpital, un hôtel…) qui semblent sortis de la pire série télé française, malgré le jeu de Duris qui hésite entre réserve et outrance sans jamais vraiment choisir, le film prend, étreint, multiplie les fausses pistes, pose des questions, émoustille, amuse cruellement, ose la douceur. Il a, aussi, un atout formidable : Anaïs Demoustier donne à son personnage énormément de richesse, le fait évoluer et, malgré l'énormité de celui joué par Duris, elle devient finalement celle par qui les choses arrivent, et pour qui les spectateurs s'étonnent, tremblent, s'émeuvent… Malgré le sujet, le sentiment qu'Almodovar aurait pu faire un autre film avec le même scénario s'éloigne, c'est bien un film d'Ozon, avec son goût de l'étrange et de la crudité. Et cette fois-ci, pas de déception…

Vos commentaires pour ce film

Je n'avais quasiment rien lu concernant le film, j'ai donc eu vraiment la surprise de voir Romain Duris, dans un rôle étonnant. Il s'y révèle très fin en face d'une merveilleuse Anaïs Demoustier que j'avais découverte dans Bird People. Ils nous font partager cet amour étonnant à travers une morte. Très fort et très réussi. Bravo

Kosmo, le 6 novembre 2014

 

Raconté comme un conte, un film complexe de François Ozon sur la quête de l'identité.
Une mise en scène élégante, jusqu'à la fin on se demande comment tout ça va se terminer ?
Le duo Duris / Demoustier est superbe, une complicité évidente.
Anaïs Demoustier : irradie le film, personnage ambigu toute en sensibilité se féminise tout au long du récit.
Romain Duris : superbe interprétation dans ce travail de composition, étonnant et touchant.
Raphaël Personnaz : impeccable en jeune cadre dynamique tolérant.
J’ai bien aimé ce film plein de pudeur où règne l’amour la tolérance et l’amitié.

Dominique P, le 19 novembre 2014

 

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