Jeune, c’est sûr
; jolie, oui, quoiqu’un peu maigrichonne ; et prostituée,
aussi. Ça n’est pas dit dans le titre du film, mais
tout le monde le sait avant d’aller le voir. C’est pour
cela que les spectateurs viennent, attirés par le parfum
de scandale… Comment ? une jeune fille de bonne famille, ayant
tout pour être heureuse, fait commerce de son corps ? Pour
quelles raisons ? Si les images sont là, choquantes mais
pas tant que ça, parce que esthétisées, édulcorées
(forcément, Ozon ne risque pas le classement X), le propos
est assez lisse, presque léger. La jeune fille rencontre
des hommes par le biais d’internet ou de son portable, se
fait payer… et c’est tout. On n’a droit à
aucun moment à la moindre explication, aucune justification
n’est donnée. Lorsque la vérité éclate,
pas de remords non plus, et les rapports au sein de la famille semblent
s’apaiser tellement facilement… Ozon montre, ne juge
pas, mais ne donne aucun point de vue. Peut-être attend-il
que les spectateurs s’interrogent d'eux-mêmes, et ce
questionnement, inévitable à l’issue de la projection,
serait alors le but du film ?
Du point de vue du récit, rien à redire, c’est
bien du Ozon, parfaitement clair, un peu irréel, avec des
dialogues très écrits, n’allant rien chercher
dans la profondeur. Les acteurs se prêtent à cette
légère stylisation, pas tout à fait naturels,
la jeune Marine Vacth ne montrant finalement pas grand-chose, à
part son corps. Le couple formé par Géraldine Pailhas
et Frédéric Pierrot a beaucoup plus d’épaisseur
et sa façon de réagir aux évènements
est ce qu’il y a de plus intéressant dans ce énième
film décevant de François Ozon. Une autre œuvre
cinématographique récente, "Elles",
de Malgorzata Szumowska, abordant le même sujet avec beaucoup
plus de sérieux et parvenant à créer un vrai
malaise, renvoie cruellement le réalisateur à sa distrayante
vacuité.