Elles *

Malgorzata Szumowska

L'histoire

Une journaliste dans un grand magazine féminin enquête sur la prostitution estudiantine. Alicja et Charlotte, étudiantes à Paris, se confient à elle sans tabou ni pudeur.

Avec

Juliette Binoche, Anaïs Demoustier, Joanna Kulig, Louis-Do de Lencquesaing

Sorti

le 1er février 2012

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Malaise élégant

 

Ce qui frappe et impressionne tout au long du film, c'est une élégance à la fois glacée et sensuelle, même lorsque la caméra s'affole, lorsque le cadre bouge et suit au plus près un visage ou un mouvement…l'image reste lumineuse, les transitions donnent une impression de fluidité, on se laisse happer par la mise en scène qui parvient à être descriptive et contemplative en même temps.
Et pourtant, cette élégance est terriblement troublante, parce qu'elle se met au service d'une histoire, ou plutôt de trois histoires qui n'ont rien d'élégant dans la brutalité qu'elles suggèrent. Les deux étudiantes qui se prostituent, avec deux parcours bien différents, ont, pour expliquer ce qu'elles vivent et ce pourquoi elles en sont arrivées là, des discours qui laissent une impression profonde de malaise : la fraîcheur (on peut même dire pour l'un des deux, l'innocence) de leur personnalité contraste avec le récit des "rencontres", même si celles-ci, à une exception près, ne les met pas dans des situations violentes, où elles pourraient se retrouver en danger. Cette relative bienveillance des hommes (les clients) à leur égard paraît parfois irréelle, et fait finalement partie du malaise général : la réalistarice dénonce-t-elle ces situations, ou bien y a-t-il une complaisance pour cette prostitution qui ne dit pas son nom ? Le personnage de la journaliste tente de rester objectif, autant vis-à-vis d'"elles" que des hommes qui les fréquentent. Mais quelque chose en elle se brise, met à mal son équilibre. L'ambiguité nait de ses fantasmes et du regard des hommes. Elle se retrouve dans une sorte d'incompréhension, non seulement de ce que vivent et ressentent les deux étudiantes, mais aussi de ce qu'elle-même éprouve lorsqu'elle entend les récits et pose des images –au sens de l'image imaginée- sur les mots des deux jeunes femmes.
Finalement, le film ne semble pas exactement crédible sur ce qu'il se passe (non pas que cette prostitution n'existe pas, mais pour ce qui concerne la relative douceur des rapports), mais il explore avec brio ce qui est de l'ordre de l'imaginaire, du non-dit, de l'illusion… A ce propos, l'utilisation de la septième de Beethoven est caractéristique d'un bonheur illusoire, comme une profonde détresse sous des abords d'une douce sérénité. Les trois actrices sont fabuleuses, Juliette Binoche en particulier…

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