Ça s'engueule énormément
! Pour de faux, pour de vrai… Et pourtant le film fait du
bien. Plus que du cinéma, il parle du travail, le travail
collectif et le travail individuel, et aussi ce qu'il modifie dans
les rapports humains, au sein de l'entreprise (le tournage d'un
film et mais également l'usine où se passe l'histoire),
et en dehors, dans les couples, dans les familles. Dans ce qu'il
brasse, il fait parfois penser aux œuvres de Mordillat, en
particulier son livre Les vivants et les morts. Le récit
suit de près le metteur en scène du film qui est en
train de se faire, un type qui essaye de tout gérer sans
vraiment y parvenir, c'est Podalydès qui s'y colle, il est
formidable même si son histoire prend peut-être un poil
trop de place, on aimerait que l'ensemble bascule dans un grand
choral, on aimerait en savoir plus sur les autres personnages, même
ceux qui ne sont que des silhouettes. En cela, on se dit que Cédric
Kahn est passé à côté d'une œuvre
fabuleuse… ou pas, son film est formidable comme il est, drôle
dans les instants les plus tendus, passant de l'intime à
la foule avec un rythme endiablé, montrant les dessous de
la fabrication d'un long métrage, des producteurs aux figurants,
le bricolage et l'improvisation, les contraintes pénibles
et les instants de grâce. Avec toujours une pointe d'ironie…
l'art de réunir la farce et le romantisme. Infiniment mieux
que Ça
tourne à Séoul, et aussi enthousiasmant que
Coupez !
