Elle est terrible, cette mère.
Elle a beau se faire agresser par sa fille aînée avec
une violence manifeste, lorsque l'on comprend par la suite comment
elle se comporte avec ses enfants, avec son entourage, quand on
parvient à mesurer son égocentrisme, son mépris
des autres, la charge de méchanceté de ses paroles,
on se retrouve du côté de la fille qui l'a agressée,
malgré la folie de cette dernière, absolument pas
douce. La mère est donc terrible, interprétée
par Valéria Bruni Tedeschi qui n'a pas besoin d'en faire
trop pour incarner un personnage hors-normes. Ici, elle pousse parfois
un peu trop loin le curseur de l'aspect "dérangé".
Mais des mères aussi nocives, cela existe. Le récit
raconte le cheminement de la fille pour tenter de se rapprocher
de sa mère après l'agression. Au moins lui parler.
Les deux autres sœurs font la liaison, pas des modèles
d'équilibre non plus, les deux sœurs. Tout cela fait
une famille plutôt fatigante, avec des relations anxiogènes,
certaines scènes sont éprouvantes, d'autres flirtent
avec l'absurde, l'étrange… un certain humour s'en dégage
parfois. Le film, comme les deux autres d'Ursula Meier (Home,
L'enfant d'en haut)
crée un malaise qui peut sembler parfois artificiel, ou théorique,
mais c'est l'oeuvre d'une cinéaste bien singulière.