Simon, l'enfant d'en haut du
film, est un petit frère du "gamin
au vélo", des frères Dardenne. Un enfant
perdu, vivant dans une vallée entourée de montagnes,
un enfant perdu dont le pays des fées rêvé n'a
aucune poésie, bien au contraire… c'est une vulgaire
station de sport d'hiver, où l'argent coule à flots,
où le matériel pour s'adonner à un simple loisir
représente un trésor pour ceux d'en bas, ceux qui
vivent dans des tours posées dans la boue de la plaine. Il
y a dans ces deux mondes reliés par un téléphérique
quelque chose qui ressemble à la vision de certains auteurs
de science fiction, lorsque la société est scindée
en deux espaces très contrastés, un pour les riches,
l'autre pour les pauvres. Pour accéder au monde d'en haut
(ou au pays des fées), blanc comme neige, il est nécessaire
d'avoir un passe (une clé magique)… Simon l'a, ce passe,
c'est un forfait de ski. Mais lorsqu'il se retrouve au pays des
riches, c'est pour glisser non pas comme un descendeur sur les pistes,
mais comme un voleur dans les vestiaires. Il chaparde, il prend
tout ce qu'il peut, lunettes, casque, gants, et même les skis.
Il les revend en bas, aux autres enfants, un peu moins perdus que
lui.
Simon n'est pas tout seul, il vit avec une grande fille, Louise,
sa sœur aînée, dit-il. Celle-ci travaille, ou
pas. Elle sort avec des garçons qui la séduisent avec
leur voiture. Le plus souvent, elle est sans moyens. Louise profite
alors de Simon, de l'argent qu'il gagne… Drôle de couple,
où le jeu des pouvoirs de l'un sur l'autre vire au malsain.
Mais cette situation étrange, à la limite du réel,
dans une atmosphère parfois sordide, n'évolue pas,
ou trop peu. Une fois définis, les deux mondes et les deux
personnages restent figés. Le film finit par tourner en rond,
on attend qu'il se passe quelque chose, qu'un vol tourne mal pour
Simon, que Louise ne rentre pas. Le seul événement
vraiment marquant est une révélation, qui ne surprend
qu'à moitié et qui au final n'apporte pas grand-chose,
si ce n'est un sentiment de malaise que le scénario fait
naître un peu gratuitement. Ni vraiment social, ni vraiment
féerique, l'ensemble, bien que porté par deux acteurs
formidables, peine à tirer le spectateur vers le haut.