C'est comme un Clint Eastwood
survitaminé. L'histoire est celle de la victoire du constructeur
Ford aux 24 heures du Mans, en 1966, mettant un terme à plusieurs
succès de suite de Ferrari. Bien sûr, il y a une
(grosse) part de vérité dans le récit,
et aussi quelques entorses, mais qui ne remettent pas en question
l'esprit général de cette épopée sportive
et industrielle. Et puis, l'intérêt croissant que l'on
peut éprouver pour le film ne vient pas obligatoirement de
la course et de qui va gagner et de quelle façon, mais plus
sûrement des deux personnages engagés dans ce défi.
Deux personnages ayant réellement existé, et dont
il semble que pas mal de traits de caractères aient été
conservés pour les faire exister à l'écran.
Mais Shelby le concepteur et Miles le pilote n'ont pas été
traités de la même façon. Rien n'est montré
de la vie privée, sociale, maritale, de Shelby (dans la réalité,
il s'est marié…sept fois). En revanche, Miles dans
le film n'est pas qu'un pilote caractériel, c'est aussi un
mari tendre et fidèle, un père attentif et très
admiré par son fils. C'est aussi un personnage comme les
Américains les adorent, un gars du peuple qui n'a pas sa
langue dans sa poche, en rébellion contre l'ordre établi,
un homme sur qui peu auraient parié mais qui à lui
tout seul, sauve le Monde sans être reconnu par l'Establishment
(ici, le Monde, c'est Ford, c'est à dire les USA, c'est à
dire le Monde, non ? Plus américain que ça, c'est
difficile). Le parallèle avec Richard
Jewell ou le commandant Sully,
deux héros récents d'Eastwood, est tout à fait
possible.
Le film est fort bien fait, une machine formidable qui en met plein
la vue, sans oublier de prendre son temps pour raconter les rouages
des rivalités amicales, sportives, économiques, (presque)
politiques. Christian Bale en Ken Miles est énorme…
et dire qu'un an auparavant, il était Dick Cheney dans le
film Vice… rien à voir, l'acteur peut donc tout jouer
!
Même si l'on est totalement désintéressé
par les courses de bagnoles (et par les bagnoles en général),
le film peut vous surprendre, vous scotcher à l'écran.
Beau travail !