Je verrai toujours vos visages *

Jeanne Herry

L'histoire

Depuis 2014, en France, la Justice Restaurative propose à des personnes victimes et auteurs d’infraction de dialoguer dans des dispositifs sécurisés, encadrés par des professionnels et des bénévoles.
Des condamnés pour vols avec violence, et des victimes de homejacking, de braquages et de vol à l'arraché, mais aussi une victime de viols incestueux, s’engagent tous dans des mesures de Justice Restaurative.


Avec

Adèle Exarchopoulos, Dali Benssalah, Leïla Bekhti, Elodie Bouchez, Suliane Brahim, Gilles Lellouche, Miou-Miou, Jean-Pierre Darroussin, Fred Testot, Birane Ba

Sorti

le 29 mars 2023


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Restauration

 

La justice restaurative met en contact et fait dialoguer des victimes et des condamnés, pour le même type de délit, mais pas pour les mêmes affaires. Jeanne Herry, après avoir montré les rouages de l'adoption dans le très beau et très émouvant Pupille, s'attelle à montrer le fonctionnement de ce dispositif judiciaire méconnu, qui a pour mission d'ouvrir les points de vue, de parler avec des personnes qui savent de quoi il retourne, et au bout du compte, d'aller mieux, d'apprendre à revivre malgré tout.
Bien sûr, le récit s'attache probablement un peu trop au bon côté des choses, il doit y avoir aussi des échecs, des confrontations trop douloureuses. A l'ombre des filles, qui montrait l'intervention d'un professeur de chant dans le milieu carcéral féminin, était de ce point de vue-là, moins angélique, moins didactique. Mais le film de Jeanne Herry a beaucoup de mérites, en premier lieu celui de faire la lumière sur ce type d'aide à la réinsertion dans tous les sens du terme. Les victimes, comme les coupables, sont elles aussi exclues de la vie, de leur vie d'avant. Elles tentent de se reconstruire, et c'est passionnant.
Pour ne pas tourner en rond et se répéter, le scénario propose une deuxième voie, toujours dans le cadre de la justice restaurative. Une jeune femme veut revoir son violeur (son propre frère) qui a été condamné et vient s'installer dans la ville où elle habite. Elle est préparée à cette entrevue par un tiers, membre des services pénitentiaires d’insertion et de probation (SPIP). Cette procédure est là aussi bien exposée, on comprend combien c'est difficile de se replonger dans un passé traumatisant et comment cela peut être salutaire.
Ce qui pourrait être un documentaire n'en est pas un. Et le choix, comme dans Pupille, de faire jouer tous les personnages par des acteurs connus se révèle étonnamment pertinent. Ils sont tous incroyablement investis et crédibles. Les scènes, parfois tendues, parfois éclairantes, parfois libératoires, sont des vraies scènes de cinéma, les émotions peuvent être énormes.
Et même si la façon de filmer est trop sage, le montage un peu scolaire, le récit attendu, le film fait du bien.

 

Vos commentaires pour ce film

Les victimes, Sabine(Miou-Miou) est dans sa solitude, Nawelle (Leïla Bekhti) et Grégoire (Gilles Lellouche) sont en colère,
Les agresseurs, Nassim (Dali Benssalah) est mutique, Thomas (Fred Testot) reste dans son addiction, Issa (Birane Ba) dans sa violence contenue,
Nous voici plongés dans l’intimité des rencontres, chacun a son parcour individuel, ici sans jugements hâtifs, les personnages se réparent les uns les autres,
Les médiateurs, dans une place déterminante, finement incarnés par Elodie Bouchez, Anne Benoit, Denis Podalydès et Jean-Pierre Darroussin sont pleinement engagés,
Quasi documentaire, ce film est gorgé d’espoir,


Dominique P, le 12 avril 2023

 

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