Gaspard va au mariage **

Antony Cordier

L'histoire

Après s'être tenu prudemment à l'écart pendant des années, Gaspard, 25 ans, doit renouer avec sa famille à l'annonce du remariage de son père. Accompagné de Laura, une fille fantasque qui accepte de jouer sa petite amie le temps du mariage, il se sent enfin prêt à remettre les pieds dans le zoo de ses parents et y retrouver les singes et les fauves qui l'ont vu grandir...

Avec

Félix Moati, Laetitia Dosch, Christa Théret, Johan Heldenbergh, Guillaume Gouix, Marina Foïs

Sorti

le 31 janvier 2018


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Famille en vrac

 

Annoncé comme une comédie, le film n'en est pas une (même s'il y a beaucoup de drôles de scènes). Il n'est pas non plus un drame. Quelque chose qui se situerait entre Ce qui nous lie pour le récit d'une entreprise familiale au bord de la déroute et Les Ogres pour l'aspect non conventionnel des relations et la force des caractères. Mais Gaspard et sa famille ont tous quelque chose de singulier, qui n'a rien à voir ni avec les deux films précités, ni avec quoi que ce soit d'autre dans le cinéma français. Une douceur, une légère folie ancrée dans un réel extraordinaire. Un zoo modeste où cohabitent tout de même (pas dans le même enclos, faut pas pousser !) tigres, lions, vautours, girafes, buffles et autres manchots (à moins que ce ne soit des pingouins), comme une métaphore de cette famille dévastée, recomposée, traversant les aléas de la vie avec un certain panache. Le zoo en lui-même et l'incroyable maison qui s'y trouve font partie des personnages, formidablement chaleureux, profitant des lumières d'automne pour resplendir. Et puis il y a cette famille, qui vous embarque progressivement, sans éclats, subtilement, comme dans un rêve que l'on regarde de l'extérieur en se disant que cela doit être formidable de s'y trouver, et pourtant, tous les membres de cette famille y ont des douleurs ineffables, des attractions répulsives, des attachements envahissants. Ils y ont trouvé, tous autant qu'ils sont, les racines et les ailes pour se construire, bien sûr de façon inégale. Beaucoup de spectateurs trouveront que cette famille ne peut donner aucun équilibre. Certes. Mais au moins elle donne quelque chose, elle est riche de sentiments, d'empathies, de compassions, de mélancolies et chacun reçoit. Pas forcément ce qu'il voudrait. Pas tout à fait ce qui lui serait nécessaire pour s'en échapper. Du coup, par sa singularité et son irréalité, cette communauté est formidablement crédible et tout un chacun peut y retrouver ce qu'il a vécu ou ce qu'il vit dans sa propre famille, ou ce qu'il rêverait d'y vivre. Il y a plein de bonheur meurtri, plein d'amour animal (évidemment…), plein d'émotions. Et tout cela est montré à travers un cinéma qui semble se chercher, parfois hésitant et parfois majestueux, parfois dérisoire, mais au final, toujours humain.

 

Vos commentaires pour ce film

Liberté, fantaisie, humanité, sensualité, drôlerie, amour, tout est réuni dans ce film qui m’a fait penser par son côté non conventionnel à « l’hôtel New Hampshire » et au « monde selon Garp ».
C’est inattendu et surprenant, de la scène familiale surréaliste avec les poissons, en passant par la peau d’ours et les inventions joyeuses et loufoques.
Une très bonne surprise servie par des acteurs dont la personnalité fait du bien.


Isabelle E-C, le 4 février 2018

 


Le double étoilé qui a rayonné sur ce dimanche pluvieux. Merci le ciné d’al1 !
Quel plaisir de s’inviter dans cette famille, certes un peu barge au premier abord, mais tellement touchante, avec de l’amour à tous les étages ; un rapport animal à l’autre et, en même temps, l’omniprésence de l’introspection et de la mélancolie, qui ne sont pas vraiment animales. Enfin, je crois.
C’est joyeux, allumé et profond.
Les 6 personnages sont tous traités avec attention et subtilité. Et même le septième, l’absente, mangé par un tigre ou presque, mais là quand même.
Il y a de la matière à penser, et de l’émotion et de l’humain.

Thierry D, le 4 février 2018


Je suis allée voir ce film en confiance et détendue, m'attendant à un divertissement plein de fantaisie. C'est pourquoi j'ai été surprise, tout en m'amusant beaucoup, de percevoir un malaise insistant, une certaine angoisse qui culmine avec le massacre des antilopes par les chiens sauvages et la scène de chasse où la soeur est blessée par le frère.
J'ai compris alors que c'est une histoire à double-fond, symbolique, dans laquelle le zoo est l'image-même de la famille, vase-clos merveilleux où s'épanouit notre côté sauvage, lieu de l'inceste, de la régression, de la monstruosité (naissance d'un petit bicéphale), où le danger plane, y compris celui du meurtre fratricide, malgré les liens très forts.
Voilà pourquoi la jeune femme qui vient de l'extérieur étouffe au bout de peu de temps; oui, c'est intolérable, cette ambiance, malgré tout son charme.
Il est heureux que la réalité s'impose par le truchement de la faillite économique, que le père accepte une vie sociale moins désordonnée... bref que cette coquille éclate.
A y repenser, je me rappelle que le film est comme truffé de symboles, dont certains me restent inexpliqués : pourquoi les tatouages, pourquoi le cadeau des menottes au frère, par exemple ?
C'est un peu une version adulte de Max et les maximonstres.
Pour moi, c'est une très grande réussite. Tant de mystère, de profondes vérités, sous l'apparence de la drôlerie : quel surréaliste n'aurait pas rêvé d'en faire autant ?
Voilà ma tartine. Il sera bientôt l'heure de goûter.


Viviane F. le 2 mars 2018

 

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