La fille de Brest *

Emmanuelle Bercot

L'histoire

Dans son hôpital de Brest, une pneumologue découvre un lien direct entre des morts suspectes et la prise d'un médicament commercialisé depuis 30 ans, le Mediator. De l’isolement des débuts à l’explosion médiatique de l’affaire, l’histoire inspirée de la vie d’Irène Frachon est une bataille de David contre Goliath pour voir enfin triompher la vérité.

Avec

Sidse Babett Knudsen, Benoît Magimel, Charlotte Laemmel, Isabelle De Hertogh, Lara Neumann, Philippe Uchan, Patrick Ligardes, Olivier Pasquier, Gustave Kervern

Sorti

le 23 novembre 2016


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Chapeau bas, madame Frachon…

 

L'histoire d'Irène Frachon, qu'on la connaisse ou pas, en détails ou dans ses grandes lignes, c'est celle d'une femme médecin qui parce qu'elle a des convictions n'hésite pas à mettre à jour la nuisance mortelle d'un médicament commercialisé en toute impunité depuis une trentaine d'années. Cela pourrait être l'occasion d'un véritable film-dossier, accumulant les faits, s'attachant à une enquête longue et fastidieuse, montrant comment une entreprise (les laboratoires Servier) et une institution publique (l'Agence du médicament) parviennent à nier l'évidence pendant des années. Cela pourrait être ennuyeux. C'est effectivement un film-dossier, mais ce n'est pas que cela, et il n'y a pas une seconde d'ennui. Le récit est celui d'un thriller, avec tout ce que cela comporte, se basant sur les différentes étapes du processus de mise en lumière d'un scandale énorme (plus de 500 morts, tout de même…), les personnages sont hauts en couleurs, il y a des acharnés, des qui se découragent, quelques affreux aussi (mais pas Servier lui-même). C'est donc terriblement prenant, mais ça n'est pas que cela. Emmanuelle Bercot montre encore, après la Bettie de Elle s'en va et la juge de La tête haute, un personnage féminin qui lutte avec ses moyens, avec les aléas de sa propre vie, pour qu'une petite partie du monde s'améliore. Elle a des doutes, Irène Frachon, des emportements, elle fait des erreurs, se trompe, mais n'abandonne jamais. C'est une femme magnifique, elle fait certes partie de ceux qu'on appelle des lanceurs d'alerte, mais elle est aussi une simple citoyenne en qui on peut s'identifier, elle a une famille et des amis comme un peu tout le monde, elle rigole, fait la clown, s'écroule, se relève. Sidse Babett Knudsen, qui l'interprète dans le film, s'est inspirée semble-t-il de son énergie, de sa vitalité, de son humanité, et qu'est-ce que ça fait du bien ! On sort de la projection plutôt effaré par l'ignominie qui se dégage de la politique commerciale des laboratoires mais aussi très regonflés par la personnalité de l'héroïne, non pas une sainte, non, mais une humaniste contemporaine.

Vos commentaires pour ce film

Erin Brockovich à la brestoise, Irene Frachon est une grande héroïne de notre temps.
Dans la lignée des films illustrant le combat des lanceurs d'alerte (Snowden sur la NSA et L'enquête sur les banques au Luxembourg) ce thriller montre comment cette pneumologue, mère de famille nombreuse humaine et drôle, a pu s'élever, pour sauver des vies, contre la toute puissance d'un grand laboratoire et face à une agence chargée de la sécurité des médicaments qui ne remplissait pas son rôle.
On suit pas à pas la progression de son action, ses échecs, ses peurs, mais aussi l'aide qu'elle reçoit de l'équipe de chercheurs du CHU de Brest, de certaines personnes du milieu de la santé et de la sécurité sociale, d'un éditeur, de journalistes et de politiques. Connus ou pas ces hommes et femmes de bonne volonté, de tout âge, démontrent que tout n'est pas pourri dans la société française et que les contre-pouvoirs doivent être activés si la Justice le requiert.
Un bon film qui éduque par l'exemple.


Isabelle E-C, le 30 novembre 2016

 

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