La tête haute **

Emmanuelle Bercot

L'histoire

Le parcours de Malony, de six à dix-huit ans, qu’une juge des enfants et un éducateur tentent inlassablement de sauver.

Avec

Catherine Deneuve, Rod Paradot, Benoît Magimel, Sara Forestier, Diane Rouxel

Sorti

le 13 mai 2015


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Humain, assurément.

 

Dès la première minute, la tension de la situation sociale et la violence qui en découle prennent le spectateur sans qu'il s'y attende. Une violence terrible, autant dans les gestes que dans les mots. Et finalement, ce sont les coups qui sont les moins douloureux. Et du côté des paroles qui fusent, ce ne sont pas les injures qui restent, mais les non-dits, les mots qui se veulent simplement anodins. Et ça fait mal, très mal. On a beau y percevoir des raisons d'espérer, et ce de plus en plus au fur et à mesure de l'avancée du récit, l'ambiance générale est à la douleur, douleur des relations familiales, douleur de la difficulté de s'intégrer dans une société de plus en plus aseptisée qui n'accepte plus les marginaux, douleur intérieure parce qu'on ne s'aime pas soi-même...
Un peu de "Mommy", avec moins de grâce formelle, un peu de "Polisse", avec un récit plus resserré, un peu de "States of Grace", avec plus de points de vue sur les adolescents et leurs familles. Mais surtout beaucoup de caractère propre : c'est formidablement percutant, déstabilisant, par moments bouleversant, autant du côté des intervenants (la juge, les éducateurs, les encadrants...) que de celui du jeune Malony et de sa mère.
Les scènes sont parfois effroyables dans l'incompréhension entre les personnages, avec l'impression qu'à chaque fois on atteint un point de non-retour, et pourtant l'empathie peut parfois être partagée entre tous.
Comment en est-on arrivé là ? Le film donne des pistes, sans trancher... l'irresponsabilité d'une mère dépassée, la maladresse de quelques adultes, la passivité des institutions ou leur impossibilité à réagir autrement, la spirale dans laquelle s'enfonce un adolescent qui, avant de détester le monde entier, se voit lui-même comme un être malfaisant et irrécupérable. Tout cela est évoqué, suggéré, mais on ne montre personne du doigt, il y a de l'Humanité chez tous.
Les acteurs sont impliqués d'une façon évidente : Deneuve est magnifique, prenant des risques, inventant sans cesse. Rôle après rôle, elle n'est pas seulement une grande actrice, elle est aussi une grande dame, refusant la facilité, avec un jeu de plus en plus simple et qui sonne tellement juste... Benoît Magimel, sobre, d'une force in-tranquille, est parfaitement crédible. Sara Forestier, dont certains disent qu'elle en fait peut-être un peu trop, est au contraire exactement dans son personnage, alternant la légèreté, la vulgarité, la détresse... Rod Paradot, dont c'est le premier film, est hallucinant. A aucun moment on ne le voit jouer, il est dans un lâcher prise constant. Et puis, il y a tous les autres, qui jouent les éducateurs, les adolescents ou jeunes adultes en errance. Aucun n'est à côté de son rôle, le film est constamment juste et pourtant il se permet quelques moments de contemplation et de poésie, le doute est palpable. Fragile et d'une grande force, la tête haute, assurément !

 

Vos commentaires pour ce film

Un beau film, un coup de poing, un hommage rendu au dur travail des éducateurs et des magistrats.
Rod Paradot (Malony) jeune cabossé, plein de colère, de rage, de haine.
Sara Forestier mère immature
Catherine Deneuve a un rôle complexe, humaine et profonde
Benoît Magimel à fleur de peau solide et fragile.
Une portée pédagogique importante, une immersion dépaysante, le film a beaucoup de longueurs, il dérange, mais c'est un film d'amour.

Dominique P, le 17 mai 2015



Fort, intense, bien construit, sans facilité, ce film nous fait ressentir la violence des rapports de cet enfant avec sa mère et le monde, dès son plus jeune âge, Le jeune héros se heurte aux murs de sa vie. Il porte sur le monde des adultes un regard sans concession traversé de déception.
En face de lui, des repères représentant la loi, la puissance des mots, l'intégrité et la droiture : une juge pour enfant magnifiquement incarnée par Catherine Deneuve et des éducateurs remplissant plus ou moins bien leur rôle.
Tout au long de ce film on reste sur une ligne de crête qui pourrait basculer vers la tragédie. L'amour ne peut pas tout, même s'il est présent partout.


Isabelle E-C, le 26 mai 2015


Très beau film, très fort, très poignant.
Les interprètes sont remarquables (y compris Mlle Deneuve que je n'apprécie d'habitude que modérément).
Mais il y a vraiment un truc que je n'ai pas compris : dix minutes après avoir entendu un morceau de la partition de Barry Lyndon, la réalisatrice nous balance (à la fin du générique) le "I Fink U Freeky" de Die Antwoord qui détonne pas mal.
Pourquoi ? Elle a perdu un pari ?


Kosmo, le 12 juin 2015

 

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