C'est étonnant, cette
vague de films de réalisateurs américains évoquant
leur jeunesse… Après Paul Thomas Anderson et son Licorice
Pizza, après James Gray et son Armageddon
time , voici Spielberg racontant comment lui est venue
l'envie de devenir cinéaste. Sam Fabelman, c'est lui. Burt
et Mitzi, ce sont ses parents, l'ingénieur et la pianiste.
Et puis il y a le grand oncle qui vient prévenir le jeune
Sam que son goût pour l'art le déchirera, entre sa
passion naissante pour le cinéma et sa famille. Séquence
courte mais particulièrement marquante, élément
fondateur du personnage Spielberg (l'oncle est-il réel, ou
réinventé ? Qu'importe…)
L'ensemble est prenant de bout en bout, bien qu'on connaisse la
suite, Sam deviendra, quoiqu'il arrive, un grand réalisateur
de films. C'est drôle, enlevé, d'une clarté
parfaite dans le récit, émouvant surtout lorsqu'il
s'agit de la mère (Michelle Williams est magnifique), un
personnage fort, singulier, complexe. Spielberg laisse de côté
ses inspirations spectaculaires pour s'attacher à raconter
une partie de son intimité, sa famille, ses angoisses. Il
montre son ingéniosité pour créer des effets
spéciaux avec des bouts de ficelle, son art du montage pour
donner un sens à ses images, mais aussi ses faiblesses, ses
peurs, ce qui le bouleverse au sein de sa famille et comment tout
cela l'a inspiré pour créer son univers. Comme le
film de James Gray racontant son enfance, The Fabelmans
surprend par sa simplicité, sa direction d'acteurs délicate,
son récit parfois presque anecdotique.