Derrière le titre ronflant
et en trompe-l'œil, le film est d'une modestie surprenante,
James Gray ne raconte ici qu'un morceau de son enfance, les prémices
de l'adolescence, quelque chose de très intime qui traite
de l'amitié, de l'insoumission, de l'émancipation.
Il y est question de la famille qu'il n'idéalise pas mais
qu'il n'accable pas non plus, comme un contexte obligé dans
lequel il faut grandir, en se cognant aux limites imposées,
en tentant de les élargir. Son personnage, lui sans doute
à peu de choses près, est tour à tour magnifique
ou pathétique, mais au final le plus souvent presque banal
dans ses relations, ses envies, ses pulsions, ses coups d'éclats
et ses trahisons. Il évolue entre quatre phares qui ne brillent
pas tous du même éclat, sa mère qui l'aime presque
inconditionnellement, son père qui n'est probablement pas
à la hauteur, son grand-père qui est le seul à
pouvoir lui donner des ailes, et le copain d'école qu'il
se choisit envers et contre tout. La mise en scène n'a rien
de spectaculaire, elle se tient aussi à distance de toute
émotion facile, elle égrène les faits avec
délicatesse et simplicité, sans forfanterie ni romantisme.
C'est le récit d'un temps qui voit les choses s'écrouler
une par une, sans fracas, mais avec toute la force de l'inéluctable.