Bon, c'est une comédie
romantique, avec deux acteurs très charmants (enfin, surtout
Zoe Kazan, déjà vue dans "Elle
s'appelle Ruby"), une histoire aux ressorts convenus, des
personnages secondaires parfaitement bien connus (le meilleur pote
beaucoup plus déluré que le héros, le fiancé
un peu trop parfait de l'héroïne, la sœur de cette
dernière très (trop ?) sexy…) et une issue désespérément
happy end. Oublions, donc.
Sauf que ce qui se passe entre ces deux-là, forcément
ça me trouble, moi à qui il m'arrive toujours des
histoires d'amitiés amoureuses, ou d'amours amicales. Et
comme toujours lorsque l'on voit quelque chose au cinéma
que l'on croit bien connaître dans la vraie vie, on peut être
surpris par les aspects qui sonnent terriblement justes, on peut
être (un peu trop) conforté dans certaines idées
que l'on se faisait sur la question, on peut aussi se retrouver
considérablement énervés par les clichés
qui restent à l'état de ce qu'ils sont, pas creusés,
pas remis en cause, admis par convention. Cela a beau n'être
qu'une comédie, on espère toujours que le récit
va nous emmener là où on ne s'attend pas, va révéler
en nous une nouvelle interrogation, va nous choquer, nous transporter…
Mais il ne faut pas rêver, on a sa petite larme d'émotion
dont on a légèrement honte, on ne trouve pas le moment
désagréable, loin s'en faut, mais il y a fort à
parier qu'en voyant le titre du film dans six mois, on se dira "j'ai
vu ça, moi ? aucun souvenir…"
Sur un sujet voisin, ou cousin, ou tout simplement assez proche,
Xavier Dolan a fait il y a quatre ans une petite splendeur visuelle,
émotionnelle, drôle et sans happy end. Cela s'appelait
"Les Amours
Imaginaires".