L’économie du couple *

Joachim Lafosse

L'histoire

Après 15 ans de vie commune, Marie et Boris se séparent. Or, c'est elle qui a acheté la maison dans laquelle ils vivent avec leurs deux enfants, mais c'est lui qui l'a entièrement rénovée. A présent, ils sont obligés d'y cohabiter, Boris n'ayant pas les moyens de se reloger. A l'heure des comptes, aucun des deux ne veut lâcher sur ce qu'il juge avoir apporté.

Avec

Bérénice Bejo, Cédric Kahn, Marthe Keller, Jade Soentjens, Margaux Soentjens

Sorti

le 10 août 2016


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Une séparation…

 

Avec ce film au titre à tiroirs et multiples sens, le nouveau film de Joachim Lafosse (à perdre la raison, les chevaliers blancs) confirme le talent de ce dernier pour exposer les situations conflictuelles, tendues, oppressantes. La caméra ne quitte jamais l'appartement où se jouent les scènes qui semblent filmées dans la continuité, montrant un couple qui se déchire autour de la question financière du partage dû à leur séparation, question qui semble parasiter tous les rapports, entre eux deux mais aussi avec leurs deux enfants (jouées par deux jumelles confondantes de naturel). Il pourrait s'agir de l'étude d'un fait de société, à savoir les couples séparés qui sont malgré tout obligés de rester dans le même logement pour des raisons économiques mais le film va bien plus loin que cela, et la question du partage, centrale en apparence, n'est peut-être que la conséquence d'un jeu de pouvoirs et de sentiments, du refus d'abandonner à l'autre la position de victime, de la volonté de chacun, plus ou moins consciente, de rejeter sur l'autre la responsabilité de la rupture. C'est formidablement juste, parce que rien n'est montré comme une évidence, tout est sujet à complexité, les mots, les regards, les gestes, les réparties qui en une seconde peuvent passer de l'humour à la violence… Les deux acteurs sont incroyables, parvenant à faire croire à la fois au passé tendre du couple et à l'extrême tension qui règne désormais, ainsi qu'à la relation avec les petites filles. Avec un dispositif de huis clos qui pourrait faire basculer le film dans une théâtralité factice, le réalisateur a l'intelligence de se servir de l'appartement, unique décor, comme d'un lieu mouvant (émouvant aussi, par ce qu'il renferme), jamais complètement fermé. Le film n'est d'ailleurs pas seulement sombre, il porte des espoirs, des échappées… On pense à la fois à Pialat et à Farhadi.

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