Detroit

Kathryn Bigelow

L'histoire

A l'été 1967, la ville de Detroit est secouée par des émeutes... des coups de feu sont entendus en pleine nuit à proximité d’une base de la Garde nationale. Les forces de l’ordre encerclent l’Algiers Motel d’où semblent provenir les détonations. Bafouant toute procédure, les policiers soumettent une poignée de clients de l’hôtel à un interrogatoire sadique pour extorquer leurs aveux.

Avec

John Boyega, Will Poulter, Algee Smith, Jacob Latimore, Jason Mitchell, Hannah Murray, Jack Reynor, Kaitlyn Dever, Ben O’Toole

Sorti

le 11 octobre 2017


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Tension au bord de l'indécence

 

Kathryn Bigelow ne fait pas du cinéma délicat. Son Démineurs était sous tension, terriblement viril et l'humain n'en sortait pas grandi. Ici, le sujet est, d'une certaine façon, plus ouvert. Des soldats, des flics, des civils confrontés à des situations hors-normes, avec le décor explosif des émeutes raciales de Detroit, en 1967. La réalisatrice expédie les causes de ce contexte en deux minutes décoratives en tout début de film, pendant le générique… Ce qui l'intéresse, et c'est son droit, ça n'est pas de comprendre d'où vient la violence et pourquoi les hommes agissent comme s'ils étaient en guerre (en changeant les uniformes, les origines ethniques ou religieuses des personnages, quelques lignes de dialogues en plus ou en moins, et l'histoire peut se passer n'importe où en Europe sous l'occupation nazie), mais la tension qui en découle, le suspense terrifiant, l'observation aigue des comportements humains quand il est question de vie ou de mort, la fascination morbide des uns pour le pouvoir qu'ils s'octroient avec la possession d'une arme, la lâcheté ou l'héroïsme des autres face au crime, à moins qu'il ne s'agisse tout simplement d'instinct de survie ou d'indignation incontrôlable.
Il y a de quoi être surpris (et le mot est faible) quand certains attendent depuis longtemps que le cinéma s'empare de ces évènements-là et que le résultat n'est finalement qu'une succession d'effets visant à maintenir le suspense. Une très grande partie du récit concerne la séquestration de quelques civils dans un hôtel par une poignée de flics ayant totalement disjoncté. Ce qui est sous-entendu, c'est que les crimes perpétrés par les représentants et les défenseurs de la loi ne sont que de leur propre initiative. Il y avait probablement de quoi montrer que ces assassinats sont la conséquence de toute une organisation sociétale. En détachant presque les actions des flics du contexte (à partir du moment où l'intrigue se noue entre les trois flics et leurs prisonniers, c'est comme si un autre film commençait), Kathryn Bigelow fait une sorte de remake de Funny Games de Haneke. C'est très efficace, très prenant, filmé à la perfection, mais l'intérêt de la réalisatrice pour ce seul huis clos frise l'indécence au regard de tout ce qu'il symbolise.

 

Vos commentaires pour ce film

Le film se divise en trois parties, le déroulement des émeutes, le huit-clos dans l'hôtel avec l’interrogatoire (coups, intimidations et meurtres) et le procès devant un jury constitué uniquement de personnes blanches.
Film plus sur la bêtise humaine plus que sur les émeutes raciales.
Les acteurs sont convaincants, il n’y a pas de personnage principal, la musique joue un grand rôle.
Pris sur le vif, ce film dérange, un film dur qui fait mal, mais cette histoire devait être racontée.


Dominique P, le 21 octobre 2017

 


Excellent, brutal, immersif, inspirant la révolte, ce film nous plonge dans les émeutes de l'été 1967 à Détroit, Michigan.
La bande son du film, très Motown, est elle aussi excellente.
C'est la guerre, pas celle du Vietnam qui se déroule pourtant au même moment, mais une guerre civile teintée de racisme qui mêle la population jeunes ou non, noire et blanche, la police de la ville, la police d'état et la garde civile (l'armée).
Devant tant d'injustice si bien illustrée on en a la nausée, j'en suis sortie bouleversée.


Isabelle E-C, le 22 octobre 2017

 

 

Je suis d'accord avec vous. Je suis sortie sonnée, mais aussi brutalisée. Ce film est un assez bon film, intéressant, mais la deuxième partie, trop longue frôle la complaisance. J'attendais des prises de positions plus politiques, une analyse plus fine des rapports entre noirs et blancs en Amérique. D'autres films moins spectaculaires en ont dit beaucoup plus. Je repense à ce film dont Grégory Peck était le héros, tiré Je crois du livre "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" de Maya Angelou..
Et dire que ça continue !!! Il y a peu de temps entre autres, qu'un gamin noir a été tué à cause du pistolet en plastique avec lequel il jouait.
Les blancs ont peur.


Jeanne, le 25 octobre 2017

 

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