Ah, les soldats… c’est
un peu comme les curés ou les ministres UMP. Moins j’en
vois, et mieux je me porte. Mais après tout, ce sont des hommes,
pas tout à fait comme les autres, mais des hommes tout de même.
Et puis ici, ils sont filmés par une femme, Kathryn Bigelow,
qui a montré par ailleurs son savoir-faire. Son cinéma
est loin d’être plat, ni même classique. Effectivement,
elle maintient une tension tout au long du film, avec des séquences
impressionnantes que n’auraient pas renié Kubrick (Full
Metal Jacket) ou Terrence Malick (la ligne rouge). Elle parvient à
faire glisser son sujet (ce que sont les risques pris par un démineur
et les sensations que cela lui procure) vers quelque chose de plus
universel, ce qui fait vivre les hommes, ce qui les anime, ce qui
les fait vibrer. La réponse, clairement apportée à
la fin du film par le personnage principal, est ironiquement glaçante,
prenant le contre-pied de ce que l’on aurait pu prendre pour
un basculement vers une humanité retrouvée.
Il reste tout de même qu’il s’agit bien d’un
film de soldats, américains de surcroît, et donc quand
même un peu bas de plafond, aux rapports virils proches du ridicule
et aux modes de pensée limités, assez désespérants.