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Michael Haneke

L'histoire

Alors qu'ils passent de paisibles vacances près d'un lac, George, son épouse Anna et leur fils reçoivent la visite de deux adolescents, qui vont les séquester et les torturer à mort.

Avec

Naomi Watts, Tim Roth, Michael Pitt, Brady Corbet, Todd Gearhart

Sorti

le 23 avril 2008

La fiche allociné

 

 

 

La critique d'al 1

Jeux mortels

Probablement, pour apprécier le film à sa juste valeur, est-il nécessaire de voir l’original, dont celui-ci n’est qu’un remake, réalisé par le même metteur en scène, à une époque différente, dans un pays différent, avec des acteurs différents, et destiné à un public plus large (essentiellement les Américains).
L’œuvre double de Haneke est le sujet d’infinies discussions et analyses, autour de la violence au cinéma, de la banalisation de cette violence, du statut de voyeur pour qui se trouve devant elle (est-ce un objet de spectacle ?). Mais le film pose aussi le problème de la relativité du récit. Le malaise vient autant de l’atmosphère angoissante que des quelques apartés d’un personnage s’adressant directement au spectateur et lui parlant de l’avancée de l’histoire, ou le questionnant sur ce qui va se passer. On se trouve alors comme pris au piège : cette nuit de torture, morale et physique, est (aussi) un spectacle, on y assiste, et voir et entendre l’un des tortionnaires apostropher le spectateur fait de ce dernier un complice de ce qui se passe à l’écran. Cette proximité est aussi insupportable que ce qui arrive à cette famille, dont pas un membre ne s’adresse à la caméra, bien sûr.
Plus encore, l’incroyable et très surprenante scène de rewind détruit, lorsqu’elle survient, ce qui pouvait rester de nos repères sur ce que l’on croit savoir des histoires, et du même coup, relativise tout ce qui vient d’être montré. Coup de maître mais aussi peut-être une façon de justifier le titre et la forme du film : c’est un jeu, une entourloupe. L’image finale, qui peut se traduire en "voulez-vous continuer ?" est symptomatique de ce côté ludique de la part du réalisateur. Et si l’on cherche encore des raisons de douter du talent d’Haneke, il faut se rendre à l’évidence : il parvient à nous mettre terriblement mal à l’aise en nous faisant presque acteur de la terreur, tout en restant lui-même ironique, détaché, à distance.
L’effet voulu (?) est donc réussi. Chapeau l’artiste !

Cependant, cette virtuosité de la mise en scène et du dispositif s’accompagne de beaucoup d’interviews du metteur en scène expliquant son travail, ses intentions, sa pensée. Cela ressemble un peu trop à ce qui se passe lorsqu’une œuvre d’art, contemporaine la plupart du temps, a besoin d’un discours de l’artiste ou de critiques d’art pour être comprise, admise, lisible. Les véritables chefs d’œuvre nécessitent-ils autant de messages extérieurs ?
D’autre part, une partie du public de ce film vient pour se payer une bonne tranche de rigolade, avide de scènes violentes. Cette partie-là repart d’ailleurs un peu déçue, les images n’ont rien de sanguinolent, le malaise vient beaucoup plus des dialogues, des regards, de l’ambiance, que des coups ou des plaies. Il n’empêche que malgré cette déception, il semble que le message et les intentions d’Haneke peuvent avoir sur ces spectateurs-là exactement l’effet inverse à celui voulu.

 

 

 

 

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