On ne compte plus les romans
d'Olivier Adam adaptés au cinéma, de "Je
vais bien ne t'en fais pas" à "Des
vents contraires", le plus souvent avec bonheur, sans compter
sa collaboration au scénario du magnifique "Welcome".
Son "cœur régulier" est un récit intimiste,
où il se passe peu de choses, où les douleurs sont
à la fois intenses et rentrées. Sarah (devenue Alice
dans le film), le personnage principal, était cueillie par
le suicide de son frère qu'elle aimait…comme on peut
aimer un frère, et partait sur ses traces, au Japon. Dans
cette adaptation cinématographique, la disparition n'est
pas due à un suicide. Cela change beaucoup de choses. On
retrouve certes le voyage et le séjour au bord de la mer,
dépaysant, dérangeant, un peu (un tout petit peu)
comme celui de Yolande Moreau en Chine, comme une lente reconstruction,
une sorte de renaissance qui reste inexpliquée, comme dans
le livre. Mais la mise en scène peu inventive et l'interprétation
un peu fantomatique d'Isabelle Carré n'aident pas à
emporter le spectateur. Là où les mots d'Olivier Adam
faisaient naître des images fortes et des émotions
durables, le film est comme désincarné, il déroule
son récit mollement et ne se réveille qu'avec la trop
rare présence de la jeune fille de l'auberge, qui apporte
un peu de vie dans la torpeur morbide ambiante, avec option zénitude
orientale, pas vraiment désagréable mais un peu ennuyeuse.