Drôle d'objet filmique,
d'un genre pas vraiment déterminé… Disons, hybride
?
Sous des apparences de blockbuster pas assumé, sauf pour
ce qui concerne sa publicité, Civil War s'apparente
à un road-movie, façon La
route (sans l'aspect fin du monde) ou Monsters
(en évitant le fantastique). Mais c'est aussi un film de
guerre, réaliste jusqu'à l'absurde et flirtant avec
l'abstraction, qui parfois peut faire penser à un jeu vidéo
grandeur nature. Il y a aussi, puisque Alex Garlandest un véritable
auteur et pas juste un faiseur, une réflexion sur le devenir
de l'Humanité quand celle-ci menace de s'effondrer. Et comme
dans (presque) tout film américain où un grave danger
menace la Civilisation, on suit un groupe de personnages censé
représenter la société, ici deux hommes et
deux femmes d'âges divers qui entre les tirs et les bombes,
devisent comme à l'intérieur d'une famille, recomposée
comme il se doit.
Les thèmes abordés sont multiples aussi, mais aucun
n'est traité en profondeur. La guerre civile est plus évoquée
que vraiment montrée. On ne voit presque pas les victimes
civiles, rien n'est dit sur les causes et les enjeux des affrontements,
alors qu'il aurait été sans doute assez saisissant
de faire le parallèle avec d'autres guerres actuelles sur
d'autres territoires mais entretenues par les Etats-Unis, en Afrique,
au Moyen Orient, en Ukraine…
La Presse, ou ce qu'il en reste, semble être le sujet principal
du récit, mais celui-ci n'est traité que partiellement.
Le métier de reporter de guerre est au cœur du film,
le choix des personnages fait qu'on embrasse une grande partie des
différents points de vue sur cette profession si particulière.
Mais on ne saura rien sur la façon dont leurs photos, reportages,
articles sont diffusés. Ni ce que cela peut avoir comme effets
sur la population.
Au final, l'impression donnée est celle d'une œuvre
hésitante dans son propos, pas inintéressante mais
pas aboutie, comme si le réalisateur avait voulu brasser
large sans jamais saisir quelque chose de véritablement essentiel.
C'est du survol. D'assez bonne qualité, avec des scènes
marquantes, mais du survol tout de même.