Belgica

Un café comme une métaphore de la vie, avec les rencontres, les amours, les déceptions, les occasions d'être bouleversé et puis les ennuis, les claques que l'on se prend, ou que l'on donne et qu'on regrette… C'est une belle atmosphère que le réalisateur a su créer, autant dans le collectif que dans l'intime. Les personnages ont une vraie existence, ils ont des idéaux auxquels ils renoncent, il y a de la bravoure dans leurs actes, mais aussi de la lâcheté, comme un peu tout un chacun. Ils sont tout à fait crédibles et en même temps, ce sont des personnages de cinéma, qui portent une certaine universalité avec leurs singularités respectives. Le café qu'ils animent, l'ambiance musicale et festive, c'est comme un rêve qui se réalise et l'on sent, en tant que spectateur, une véritable exaltation qui passe de l'écran à la salle de cinéma. On y danserait bien, dans cet endroit où la folie s'invite.
Malheureusement, le réalisateur, après avoir créé cet univers, semble s'en être contenté : ça danse, ça picole, ça s'euphorise, puis ça se tend, ça s'engueule, ça craque, ça se déchire et ça se désillusionne : le récit est complètement balisé et prévisible. Du coup, le film dans son ensemble devient un peu répétitif, un peu longuet. Beaucoup moins racoleur qu'Alabama Monroe, et pas moins violent, parfois, que la merditude des choses, cette chronique d'un échec annoncé ne se distingue pas par sa délicatesse. C'est brut, percutant et ça a un putain de caractère. C'est déjà ça.