La merditude des choses *

Felix Van Groeningen

L'histoire

Gunther Strobbe a 13 ans et une vie compliquée. Le jeune garçon partage le toit de sa grand-mère avec son père et ses trois oncles. Quotidiennement, il baigne dans un climat de beuveries effrénées...

Avec

Johan Heldenberg, Koen De Graeve, Wouter Hendrickx, Valentijn Dhaenens, Gilda de Bal, Pauline Grossen

Sorti

le 30 décembre 2009

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

L’amertume de la vie

 

Pour le décor et le contexte, imaginez "la vie est un long fleuve tranquille", en version uniquement famille Groseille, sans les gags et les répliques qui font mouche, avec de sacrées doses d’alcool et de violence morale, baignée dans une vérité sociale terriblement crue. Ce que nous voyons en France du cinéma belge est plutôt désespérant sur la santé générale de ce pays. "Eldorado", de Bouli Lanners en 2008 et cette "merditude" en disent long sur la déchéance, l’exclusion de proximité.
Cette adaptation d’un roman autobiographique, devenu best-seller, et pas qu’en Belgique, est un film dur, très dur. Il montre les lendemains de cuite, la violence des mots et des coups portés, l’aspect irrémédiable de la misère sociale. Les rares instants où l’on peut rire sont des échappées vers le dérisoire, l’humour est basé sur des situations atterrantes, qui portent en elles-mêmes autant de désespoir et de fatalité que de raisons de s’en amuser.
Mais au-delà de tout cet étalage qui ne pourrait être que malsain, il y a une chaleur humaine malgré tout, un amour familial et en dépit des hectolitres de bière ingurgités, tout au fond des regards, une solidarité, un certain bonheur d’être ensemble. Tout au bout, il y a un évident message d’espoir, pas comme une concession à un public qui n’aimerait pas les histoires tristes, mais plutôt comme une indispensable porte de sortie, pour montrer qu’il est vital de ne pas renoncer, quoiqu’il advienne…

 

 

 

Vos commentaires pour ce film

La merditude des choses : le titre est parfait !
on pourrait ajouter misèritude, sorditude et vulgaritude… et aussi et surtout la solitude de Gunther, enfant de 13-14 ans, élevé enfin ce n‘est pas le mot approprié disons plutôt tombé dans une famille comme on ne souhaite à aucun enfant, au milieu de 4 hommes, son père et ses 3 oncles tous plus ivrognes et vulgaires les uns que les autres et une femme, sa grand-mère qui fait ce qu’elle peut mais qui a sûrement eu et a encore des manques et des faiblesses… C’est Zola en pire, transposé dans les années 80 au pays de la bière et de la misère sociale, je ne dirais pas intellectuelle, ce serait un gros mot dans ce contexte ! Mais c’est crevant de réalisme et je sais que c’est abominablement la réalité de certains enfants, le trait n’a pas vraiment été forcé et c’est ce qui m’a rendu certaines scènes insoutenables au regard ! il ne manquait que l’abus sexuel pour ajouter à notre voyeurisme ! ALLEZ –Y ! allez voir cet ange blond qui n’a rien d’un ange mais qui m’a donné envie de rentrer dans le film pour le sortir de là, il vous racontera sa vie et celle de sa famille et vous fera sentir qu’il y a de l’amour au milieu de la merditude !
Le mode de vie et de pensée de ces « gens-là » est à des années-lumière de la plupart d’entre nous mais la vie de Gunther sera ce qu’il va en faire et pas seulement ce que sa famille et sa mère qui l’a abandonné pour aller faire un autre enfant avec un autre « beauf » sont ! Il est la somme de tous mais aussi la négation de tous : son refus d’être père, son amour reconnaissant pour sa grand-mère et son impossibilité à couper les ponts avec ses origines, sa passion pour l’écriture qui est venue en partie des vexations subies à cause d’enseignants plus enclins à exclure et à donner des punitions absurdes qu’à écouter et comprendre ! Une scène qui montre qu’on n’oublie rien : il retrouve 15 ans après son copain de collège qui a arrêté de le fréquenter car son père trouvait Gunther et sa famille infréquentables, la première phrase que Gunther lui dira sera : « ton père t’autorise à me parler aujourd’hui ? »


Isabelle M 16 janvier 2010

 

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