La
Merditude des choses, le précédent film de Felix
Van Groeningen, tapait très fort, montrant des personnages
en rupture avec la société, alcooliques, violents,
et pourtant d'une force de vie incroyable.
Ici, dans cette chronique d'un couple avec enfant malade, les protagonistes
sont politiquement et socialement plus "corrects". Le
récit, lui, est morcelé, découpé et
livré en désordre, pour entretenir un suspense un
peu morbide. L'enfant survivra-t-il à sa maladie ? Et cette
ambulance qui emmène une femme, sirène hurlante, à
quel moment de la véritable chronologie est-elle placée
?
L'histoire de cet amour, de cette vie rythmée par la musique,
les coups de gueule, les séjours à l'hôpital,
les très hauts comme les très bas, cette histoire
a de la gueule, elle a le goût de la tragédie comme
celui de la comédie. Mais la mise en scène privilégie
l'exaltation, l'exubérance dramatique. On se sent pris au
piège, sommé de verser sa larme. Si vous ne fondez
pas aux premières scènes, ne perdez rien pour attendre,
les résistances lacrymales finiront pas céder. Au
bout d'une heure cinquante de grand huit émotionnel, cela
peut friser l'obscénité. Un peu de finesse, de légèreté,
de distance ou de délicatesse n'aurait pas nui…