Paul Thomas Anderson est capable
de passer de l'essai cinématographique plutôt radical
(Inherent vice,
indigeste) au film d'auteur surprenant mais visant le grand public
(Licorice Pizza,
génial). Cette succession de batailles se situe dans la veine
des films populaires, c'est un divertissement qui allie un humour
déjanté (Leonardo Di Caprio et Sean Penn en font des
tonnes et c'est un régal) à un suspense sans cesse
renouvelé, basé sur un récit en forme de course
qui plaira même à ceux qui ne sont pas tout à
fait friands des poursuites en voiture. La forme est soignée,
rythmée comme un Tarantino, prenante comme un Spielberg.
En revanche, les personnages ne sont pas formidablement fouillés,
le message reste flou, il y a comme un petit déficit sur
le fond. On en sort avec un petit sourire aux lèvres, un
peu déçu tout de même que le réalisateur
n'ait pas creusé davantage l'opposition d'idéaux entre
les révolutionnaires (militants de gauche ayant choisi la
lutte armée) et la terreur blanche suprémaciste et
sans scrupules. Paul Thomas Anderson choisit de montrer ces derniers
comme des abrutis violents, méchants jusqu'à la caricature,
et les gentils gauchistes plutôt déphasés et
(assez peu) efficaces. C'est un peu léger.
Mais si l'on s'en tient à l'aspect divertissant, on ne peut
qu'être ravi...