Les films de Paul Thomas Anderson
ne laissent personne indifférent. On aime, ou on déteste.
"There will
be blood" est pour moi un diamant noir, une merveille de
mise en scène et pour certains de mes amis, c'est une daube
sans nom. J'ai adoré "Punch Drunk Love", sa fantaisie
déstructurée, et mon accompagnatrice de cinéma
préférée n'a pas supporté son ambiance
stressante.
Ce "vice inhérent" risque de partager encore parce
qu'il choisit de perdre le fil du récit, de plonger le spectateur
dans une enquête policière incompréhensible.
Les dix premières minutes présagent d'un formidable
chassé croisé de personnages, complexe, grouillant
d'intrigues, énorme. Les deux heures (et plus) qui suivent
ne font que rajouter des ingrédients à l'ensemble,
jusqu'à l'indigestion. Au trente-sixième personnage
qui apparaît en parlant d'un élément qui nous
avait jusqu'alors échappé, il est permis de craquer.
Pour ma part, j'ai décroché très vite, mais
avec toujours le vain espoir que tout cela, à un moment donné,
se dénoue et se clarifie. Pourtant, chaque scène se
tient, on sent bien les tensions, les sentiments, les luttes de
pouvoir, il y a des surprises, des éclats de rire, des petits
moments de grâce. Mais que tout cela est frustrant, comme
si l'on était en train de regarder un montage de plusieurs
polars, tous plus déjantés les uns que les autres
et qu'à aucun moment on ne puisse relier les tenants et les
aboutissants des différents morceaux.
De plus, on ne retrouve pas, ou si peu, l'inventivité de
mise en scène à laquelle nous avait habitué
le réalisateur. Pas de flamboyance, tout semble filmé
un peu platement, sans véritable rythme.
J'attends de rencontrer un spectateur heureux de s'être perdu
dans cet imbroglio.