There will be blood **

Paul Thomas Anderson

L'histoire

Un prospecteur achète des puits de pétrole à une famille qui vit dans un ranch.

Avec

Daniel Day-Lewis, Paul Dano, Dillon Freasier

Sorti

le 27 février 2008

La fiche allociné

 

 

 

La critique d'al 1
Diamant noir

 

 

Attention, ce film n’est pas un western tranquille. Il est fait de stridences, d’obscurité, d’abîmes. C’est une épopée sauvage à la fois intimiste et grandiose, un affrontement sans armes entre deux personnages qui par leurs actes modifient profondément la vie des gens, mais qui secrètement les détestent, l’un rêvant de n’avoir plus à les côtoyer, l’autre désirant posséder leurs âmes. C’est une histoire effroyable, sans amour, sans femmes, mais avec bien des mensonges, des trahisons intimes, et de façon sidérante une allégorie de la naissance de l’Amérique moderne. Les deux piliers des valeurs américaines, la foi et le capitalisme, sont ici décrits comme de sombres machines à broyer les hommes et leurs sentiments.
La mise en scène est prodigieuse, d’une puissance lourde, portée par une musique effarante et belle, comme une symphonie profonde dédiée aux prémices de l’industrialisation.
Paul Thomas Anderson ne nous avait pas habitués jusqu’alors à tant de gravité et de noirceur, il laisse de côté pour ce film sa formidable fantaisie (Magnolia et Punch Drunk Love), et trouve une inspiration qui l’élève parmi les plus grands : on pense à Scorsese, Coppola, Eastwood et même Kubrick. Mais son film n’appartient qu’à lui, car il y met une audace et un refus des conventions tout à fait personnels.
Grand film donc, diamant noir qui impose le respect et l’admiration, à l’émotion glaçante…

 

 

 

Vos commentaires

Franchement je ne comprends pas le délire sur ce film que j'ai trouvé très ennuyeux et très lourd dans son propos...le matérialisme et la foi qui s'affrontent ? sans blague ? ça c'est un grand sujet...2h25 pour montrer deux types éructer , daniel day lewis cabotine à souhait...je ne vois pas le rapport avec Scorsese ni avec Kubrick...ce film est une démonstration lourdingue et confuse (on ne pige rien à l'histoire des jumeaux et le coup du faux frère de Day Lewis ça ne sert pas à grand chose, en plus le perso est assez crétin de croire ce type qui se prétend son frère sans rien vérifier). Une déception.

Zigounette, le 13 mars 2008

 

Mais que se passe-t-il avec les journalistes ?
Lu un article sur Daniel Day-Lewis, le journaliste totalement fasciné par l’acteur, décrit comme à la fois fou (ce qui veut dire génial), pur (écolo, intello), un beau mec tatoué qui gère très bien sa carrière et son image, en se spécialisant dans les compositions bizarres (parce que « gangs of new-york », c’était quand même très malsain, non). Avant même la sortie du film tout le monde était déjà tombé en pâmoison, et chacun peut revendiquer d’avoir pressenti qu’il y aurait un Oscar. J’imagine donc que personne n’osera plus dire que ce film est très très moyen.
Premier acteur qui entre en scène, la musique est intéressante. L’image brute de cette terre stérile ne nous inspirerait pas grand-chose, mais la musique déchirante (j’aurais juste aimé qu’elle ne me rappelle pas les sirènes d’usine du premier mercredi du mois, même note, aïe, concentrons nous sur le côté inattendu et déchirant) nous fait comprendre qu’il y a là quelque chose de dramatique, pas juste des bouts de rochers. Je passe sur l’utilisation des morceaux « classiques », j’aurais préféré d’autres créations de Jonny Greenwood pour accompagner l’intrigue. Soudain, musique tonitruante quand on suit les deux frères sur le chemin du futur pipeline, haletante, alors que, si vous imaginez la même scène sans musique, ils sont en balade à cheval dans des paysages sans grand intérêt, et enfoncent des pitons de temps en temps, ouh ! quel suspense !... La sirène revient, le drame se noue. Mais à partir d’un moment, elle ne reviendra plus jamais, même pas à la fin, où la musique disparaît. Dommage…
Bref, pour moi, pas de cohérence dans cette musique, un raté, alors qu’elle nous promettait beaucoup au début du film.
Daniel Day-Lewis est un grand acteur. Oui, mais… Avait-il un bon scénario dans les mains ? Il surjoue énormément, et quand il ne surjoue pas, c’est le scénario qui surjoue à sa place (cela ne vous fait pas rire, au début, quand il est allongé avec la jambe dans une attelle, alors que juste avant on le voit ramper sur le dos ? Il est arrivé là sur le dos ? Quel homme…) J’aime bien son côté sombre, dur, c’est vrai qu’il est capable de faire entrevoir les ténèbres, mais son personnage est mal construit. Je ne comprends pas la scène après l’accident de son fils, il est tout inquiétude, puis deux minutes après il reste ravi devant l’incendie. D’ailleurs, le personnage qui est avec lui a du mal à le suivre. Ah bon, il faut prendre un air ravi, mais quand même il vient d’y avoir un accident, là… De même, la scène du baptême est tellement bizarrement mise en scène que les spectateurs dans la salle étaient gênés, ne sachant pas si c’était censé être drôle, genre grand guignol, ou prenant, genre révélation de l’être humain caché en lui. Et quelle idée de lui faire dire « j’ai mon pipeline » juste après un moment d’émotion, ça ne pouvait pas attendre deux minutes ? Ces incohérences n’aident pas à définir le personnage, et du coup par moments DDL joue des scènes outrées (celle où il emmène son fils au restaurant), qui n’apportent rien. Je précise : oui, je comprends bien qu’on pourrait justement voir dans ces incohérences la dualité du personnage, le tiraillement entre l’homme et le monstre, je comprends l’idée de ce qu’on me montre, mais je ne marche pas.
Pourtant bien amenée, avec ce qu’il faut de questions, de doutes, l’arrivée du « frère » n’apportera rien non plus. Personnage qui n’arrive pas à trouver sa place, justement parce que celui de DDL n’est pas assez bien défini, il ne parvient pas à lui faire miroir, il ne révèle rien de DDL, et le meurtre n’apporte rien.
Ce film s’appuie beaucoup sur le souvenir que nous avons d’autres films, légendes du cinéma américain. Les westerns où nous avons découvert des gares (Le train sifflera trois fois), des fermes isolées où vivent des gens incultes mais humains (Il était une fois dans l’Ouest), les grandes familles qui fondent leur richesse sur l’or noir (Géant), le magnat qui devient fou et se retrouve seul dans son palais (Citizen Kane, Aviator), le prêcheur inquiétant (La Nuit du Chasseur), les visages noirs des travailleurs (les Raisins de la colère). C’est comme l’écho de ces scènes magistrales qui se sont gravées en nous. Mais Anderson n’a pas su aller au bout, s’approprier ces thèmes totalement, les réinventer, alors qu’on voit bien que c’est ce qu’il voulait faire. Il manque de souffle. Ce pasteur, à la fin, qui est censé avoir alors dans les 35 ans, et qui pousse des cris apeurés en évitant les boules de bowling, cela manque de grandeur, de pathos.
Alors voilà, personne dans la salle n’a applaudi à la fin, d’abord personne n’a compris que c’était la fin, si bête, après tout ce qu’on avait voulu si longuement montrer. « I’m finished » ? Ouf !

Anne K. le 3 mars 2008

 

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