C'est du cinéma. On ne
peut pas le nier... du cinéma qui en met plein la vue et
les oreilles, qui se permet quelques bouffées d'émotion,
par un réalisateur qui trouve une nouvelle énergie.
Après la rigueur et la mise en scène au rasoir de
Whiplash,
après la fadeur sans beaucoup d'intérêt de Lalaland,
c'est un énorme bordel, une avalanche d'images, une palanquée
de personnages hors normes, et tout est en trop. Trop long, trop
bruyant, trop dingue. Dans ces surplus de temps et d'intentions,
il y a tout de même beaucoup de perles, scintillant dans une
succession ruisselante de scènes qui sont toutes jouées
et mises en scène comme si la survie artistique de l'auteur
était en jeu. On peut rester au bord de ce fleuve bouillonnant,
on peut aussi se laisser emporter et ignorer tous les défauts,
toutes les outrances et les fausses bonnes idées (que viennent
faire ces affreuses coulées d'encres colorées en plein
hommage au Cinéma à la toute fin ? et avait-on vraiment
besoin de cette expédition nauséabonde et mal éclairée
dans les bas fonds ?) en ne retenant que tout ce qui fait du bien
dans cette énorme déclaration d'amour au septième
art. L'histoire ou plutôt les histoires sont classiques, prévisibles,
ne brillent pas par leur originalité mais elles racontent
une certaine magie, fabuleuse à l'époque, et dont
il reste encore pas mal d'étincelles. Celles-ci éclatent
sur l'écran, et c'est l'essentiel.