La, la, la… circulez, y'a
rien à voir (d'original) ! C'est un peu étrange, ce
déluge de critiques dithyrambiques sur cette gentille comédie
musicale. Whiplash,
du même réalisateur avait autrement plus de caractère.
Il y avait un scénario digne de ce nom, et malgré
de nombreuses invraisemblances, le suspense était au rendez-vous,
le film vous attrapait à la gorge et ne vous lâchait
plus. Dans ce pays du lala (c'est quoi ce titre ?), on se prend
à penser à autre chose, à rêvasser, à
somnoler éventuellement. C'est un hommage
très sage aux comédies musicales d'autrefois,
teinté d'amertume pour ce qui est de la romance ce qui procure
tout de même quelques émotions légères
en fin de projection, mais l'ensemble reste très balisé,
très prévisible, sans aucune scène arrachant
un sentiment d'admiration. Les chorégraphies sont reprises
de "Chantons sous la pluie" et autres grands classiques,
ce sont de bonnes références, mais il n'y a pas de
développements, rien qui aille plus loin qu'une banale copie.
La musique ratisse large, d'un jazz d'ascenseur à de la pop
bien commerciale, en passant par quelques morceaux un peu plus exigeants
(mais légèrement ennuyeux, du coup) et des chansons
mièvres ou gueulardes (oh, la chanson d'Emma Stone lors de
sa dernière audition, quel supplice !)
La mise en scène et l'organisation du récit font alterner,
sans surprise, les séquences qui veulent en mettre plein
la vue (par exemple l'ouverture : un plan séquence avec tout
un tas de voitures et de danseurs qui se trémoussent dessus,
qui n'a de spectaculaire que le fait qu'il soit un plan séquence)
avec les scènes intimistes qui se veulent touchantes et qui
parviennent à l'être, parfois, par la grâce des
deux comédiens, très mignons tous les deux (Emma Stone
porte des jolies robes), mais qui ne marquent pas les esprits. Il
y a aussi, bien sûr, quelques passages oniriques, comme l'envolée
dans l'observatoire qui ne donne aucun frisson, c'est du déjà-vu,
déjà-fait, déjà-revu…
Le seul grain de sable dans cette machine qui tourne bien trop rond,
c'est cette petite mélancolie finale, cette petite nostalgie,
cette impression d'être passé à côté
d'une vie plus exaltante, malgré tout. Mais c'est bien trop
léger pour élever l'ensemble, qui reste au ras de
l'hommage.