Le dispositif initial de cet
"atelier" rappelle Entre
les murs, excellente plongée dans une classe de
collège presque ordinaire, parfois cauchemardesque. Une poignée
de jeunes en insertion (on les imagine donc en difficulté
sociale, ou ayant connu un décrochage scolaire…) se
retrouvent à participer à un atelier d'écriture
animé par une romancière connue. Si la situation paraît
plausible, il manque, semble-t-il, une personne de Pôle emploi
ou au moins quelqu'un de la structure ayant organisé cet
atelier. L'écrivaine confrontée seule à ces
jeunes, cela est un peu étrange. Ce détail (qui n'en
est pas tout à fait un) excepté, tout ce qui se passe
lors des séances d'atelier sonne juste, autant dans ce qui
est dit que dans la façon de le dire : les conflits inévitables,
les outrances des uns, les tentatives d'apaisement des autres, les
avancées malgré tout, le travail qui s'instaure. Les
jeunes acteurs sont issus d'un casting sauvage et sont d'un naturel
confondant. Comme le film se passe à La Ciotat en plein été,
les séances de travail se passent souvent à l'extérieur,
il manque les cigales mais cet hors les murs est plutôt prenant.
Et puis, peut-être parce que le matériau des échanges
est moins riche et moins explosif que dans Entre les murs,
les deux scénaristes (Cantet lui-même bien sûr
mais aussi Robin Campillo, le réalisateur de 120
battements) ont imaginé une intrigue entre la romancière
et l'un des participants à l'atelier. Double effet kiss pas
cool, non seulement cette histoire ambiguë s'emmêle les
crayons, frôlant la tragédie et le ridicule, mais elle
a aussi le malheur de reléguer à l'arrière
plan tous les autres personnages : ceux-ci perdent alors beaucoup
d'intérêt, deviennent des clichés, ne surprennent
plus. Marina Foïs elle-même ne semble pas y croire :
elle patauge dans les scènes à deux qui racontent
l'intrigue avec le jeune alors qu'elle était vraiment juste
au sein du groupe. Dommage !