Y Olé !

José Montalvo

 

Olé ! Le flamenco, corrida pour humains, ça n'est pas la danse que je préfère (je veux dire… "que je préfère", pas celle que je danse, je ne danse pas, ou alors à contre temps tout seul chez moi ou juste avec mes doigts, je parle quand je dis "que je préfère", de la danse que je regarde, celle que je vois sur une scène ou au cinéma (ah, Relève… ah, Mr Gaga…)). Le flamenco, très codifié me semble-t-il, est finalement assez monotone, non ?
Et là-dessus, du Stravinsky, "le sacre du printemps", pas non plus la musique que je préfère (pareil que pour la danse, c'est la musique que j'écoute dont je parle, pas celle que je (ne) fais (pas)). Musique pleine de bruit et plutôt agressive à mes oreilles…
Et pourtant, j'y suis, à Chaillot, ce vendredi 6 janvier, 20 heures 30, pour voir un spectacle de José Montalvo, Y Olé ! Grande salle, troisième rang.
Stravinsky et flamenco.
Gloups.
Noir.

 

 

A peu près trente secondes après le début, je suis scotché à ce qui se passe sur scène, et une heure quinze plus tard, debout pour applaudir à tout rompre, la gorge nouée, avec toute une salle debout. Par ces temps froids, sombres, où la tragédie rôde, ce spectacle est une bouffée de plaisir pur, un concentré de lumière, de couleurs, de métissage (flamenco, oui, mais détourné, magnifié, et en confrontation percutante avec les acrobaties et jongleries du hip hop, les chaussons et les pirouettes du classique, la transe et la dinguerie africaines). José Montalvo mixe tout, les origines et les influences culturelles et traditionnelles, le populaire et le savant, la délicatesse et l'emphase, la virtuosité et l'émotion, le grave et l'humour. C'est une danse à haute influence espagnole (José Montalvo dédie la pièce à son père réfugié politique ayant fui la guerre civile) mais aussi danse mondiale, pleine d'espoir, de sensualité, d'amour, d'étreintes sans presque se toucher. Les danseuses et les danseurs sont à tomber de son siège avec fracas, ils ne se contentent pas de bouger leurs corps (qu'ils ont particulièrement souples et dont ils font à peu près tout ce que vous n'oseriez même pas rêver), ils chantent aussi, ils jouent la comédie, et ils prennent un plaisir visible (ah, ces sourires…) à nous en mettre plein la vue. José Montalvo est artiste permanent à Chaillot, il reviendra donc l'année prochaine. C'est quand, l'année prochaine ?

 

 

C'est jusqu'au 20 janvier à Chaillot à Paris (je doute qu'il reste des places, mais sait-on jamais...) et ils sont passés à Lyon, à Rouen, à Montpellier, à Nimes... Ils repasseront pas loin de chez vous, sûrement. Courez-y. Vraiment. Avec vos ados. Avec votre grand-mère. Regardez ça...