A
peu près trente secondes après le début, je
suis scotché à ce qui se passe sur scène, et
une heure quinze plus tard, debout pour applaudir à tout
rompre, la gorge nouée, avec toute une salle debout. Par
ces temps froids, sombres, où la tragédie rôde,
ce spectacle est une bouffée de plaisir pur, un concentré
de lumière, de couleurs, de métissage (flamenco, oui,
mais détourné, magnifié, et en confrontation
percutante avec les acrobaties et jongleries du hip hop, les chaussons
et les pirouettes du classique, la transe et la dinguerie africaines).
José Montalvo mixe tout, les origines et les influences culturelles
et traditionnelles, le populaire et le savant, la délicatesse
et l'emphase, la virtuosité et l'émotion, le grave
et l'humour. C'est une danse à haute influence espagnole
(José Montalvo dédie la pièce à son
père réfugié politique ayant fui la guerre
civile) mais aussi danse mondiale, pleine d'espoir, de sensualité,
d'amour, d'étreintes sans presque se toucher. Les danseuses
et les danseurs sont à tomber de son siège avec fracas,
ils ne se contentent pas de bouger leurs corps (qu'ils ont particulièrement
souples et dont ils font à peu près tout ce que vous
n'oseriez même pas rêver), ils chantent aussi, ils jouent
la comédie, et ils prennent un plaisir visible (ah, ces sourires…)
à nous en mettre plein la vue. José Montalvo est artiste
permanent à Chaillot, il reviendra donc l'année prochaine.
C'est quand, l'année prochaine ?