Je ne savais rien d'Ohad Naharin
avant d'entrer dans la salle de cinéma, sinon qu'il est chorégraphe,
israélien, et qu'il est célèbre dans le milieu
de la danse.
A l'issue de la projection, je suis doublement heureux : d'abord
parce que j'ai découvert un chorégraphe fascinant
et ensuite parce que, presque par hasard, je sais déjà
que j'irai voir sa dernière œuvre, en juin prochain,
à Chaillot (les places sont prises !).
Le documentaire est somme toute assez classique, en forme de patchwork
ou de puzzle, selon notre jugement personnel de la pertinence du
montage d'images d'archives, d'interviews, de captations de répétitions,
d'extraits de spectacles filmés… Il montre comment
le danseur-chorégraphe a trouvé sa propre forme d'expression,
qui s'est construite, comme beaucoup d'artistes, au carrefour de
plusieurs influences et expériences, familiales, professionnelles,
politiques, amoureuses, passionnées ou détestées
(le court passage chez Béjart est raconté sans fard).
Et même si quelques prises de vues paraissent un peu gênantes
parce que très intimistes, l'ensemble révèle
une danse d'une très grande force émotionnelle, sans
cesse renouvelée, des images saisissantes, des mouvements
surprenants, spectaculaires autant dans les moments de groupes (parfois
plusieurs dizaines de danseurs) que dans les solos ou les duos.
Cela peut ne pas parler à tout le monde, mais au vu de l'émotion
généralisée dans la salle de cinéma,
je me dis que je ne suis pas le seul à être bouleversé
par le spectacle. Une sorte d'euphorie peut vous prendre, et l'on
a envie de marcher doucement en sortant du cinéma, regarder
les gens se mouvoir, les trouver beaux… Impossible de décrire
cette danse, impossible de dire ce qu'elle évoque, impossible
d'affirmer si cela est de l'ordre de la virtuosité des danseurs
ou bien de l'émotion dégagée, de l'intensité
hallucinante présente dans tout ce qui est montré.
Peut-être les connaisseurs en ressortiront frustrés,
comme on pouvait l'être à la vision du
film de Wenders sur Pina Bausch, parce que ce ne sont que des
extraits. Mais il est fortement possible que le film donne l'envie
à beaucoup de découvrir des pièces entières,
dans de véritables théâtres. Rendez-vous
à Chaillot en juin prochain ?