Pina *

Wim Wenders

L'histoire

PINA est un film pour Pina Bausch de Wim Wenders.
C'est un film dansé en 3D, porté par l’Ensemble du Tanztheater Wuppertal et l’art singulier de sa chorégraphe disparue à l’été 2009.

Documentaire, film dansé ?


Sorti

le 6 avril 2011

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

La danse de Pina Bausch, et c’est tout

 

C’est en voyant des extraits de spectacles, dans ce film ou ailleurs, que je me rends compte que Pina Bausch fait partie de ma vie. J’ai vu plus d’une dizaine de ses pièces, au théâtre de la Ville, dans les années 90 essentiellement. Je n’en suis pas pour cela un spécialiste, je ne suis pas non plus un admirateur inconditionnel, je me souviens être sorti parfois d’un spectacle en me disant qu’il était terriblement sombre, trop sombre, interminable. Mais d’autres m’ont marqué, à vie, au fer rouge. Les gestes, les jetés, les sauts, les étreintes, les cris, tout est inscrit en moi, sans que je puisse dire si je trouve cela beau ou détestable, c’est là, c’est tout. Je ressens une émotion qui me dépasse, qui me bouleverse. Vous en parler tournerait à de l’intime impudique et on n’est pas là pour ça. Point final.

Lorsqu’il faut commenter un film "pour Pina Bausch", signé de plus par un réalisateur qui m’a lui aussi ému profondément ("Paris Texas", "les ailes du désir"…), comment mettre de côté cet attachement ? (et encore, attachement est un mot faible)
D’abord, il faut tordre le cou à la 3D, inutile et n’apportant strictement rien. Elle n’enlève pas non plus grand-chose : pour peu qu’on se mette bien devant, le champ de vision n’est pas trop rétréci, et quant à la lumière, ce n’est pas catastrophique.
Ensuite, le processus de création du film, voulu par Wim Wenders, puis laissé en suspens, et repris sous la pression supposée (ou pas) des danseurs… tout cela n’a aucune importance, vraiment. Ce qui compte, c’est ce résultat final, ce qui est montré.
Ce sont des extraits de quatre spectacles, sur scène ou dans des lieux extérieurs, urbains ou non… entremêlés de commentaires, de témoignages des danseurs de la compagnie. Les scènes dansées sont plutôt spectaculaires, filmées parfois de près, parfois en plan large, respectant la chorégraphie, sans y ajouter beaucoup d’effets de caméra : pas de cadrages anecdotiques ni de travellings hallucinants. On savoure ou on prend de plein fouet, on frémit, on vibre, on souffre, on respire, on sanglote… La danse de Pina Bausch est montrée telle qu’elle est, et si l’on y est sensible, attention au choc, aux larmes, aux soupirs de bonheur pur. Rien que pour cela, merci à Wim Wenders de nous donner cela.
Mais (ah oui bien sûr il y a un mais, comment serait-ce possible autrement ?) les scènes en extérieur apportent-elles quelque chose, un sens particulier, un supplément d’âme ? la question reste sans réponse, ou juste une moue dubitative. Les commentaires des danseurs sont-ils là pour rythmer le film, ou permettre à certains spectateurs de reprendre leur souffle : ils sont tellement encenseurs qu’ils en deviennent répétitifs, parfois ridicules… ils font alors redescendre l’état d’émotion, et finalement c’est peut-être salvateur.
Au final, on sort heureux d’avoir vu, revu, des mouvements, des instants où on a l’impression que des corps en mouvement (parfois à peine, parfois de telle façon que cela en est étourdissant) en disent plus sur le couple, les rapports entre les hommes et les femmes, la douleur et la joie, que n’importe quelle œuvre écrite, peinte, filmée, dialoguée…
Mais on sort aussi frustré : pourquoi telle scène s’arrête-t-elle là, on voudrait que cela dure toujours, pourquoi seulement une heure et demie pour quatre spectacles, quand on sait que chacun d’eux durait trois heures ?…
Et surtout on a l’impression que Wim Wenders, tout Wenders qu’il est, n’a rien à dire. Ah, si, comme moi, il est ému par la danse de Pina Bausch. Il voulait en montrer des morceaux, il l’a fait, et c’est plutôt bien filmé (et même très bien). Mais c’est tout. Il n’y a rien de plus. Contrairement au sublime, lumineux, modeste et pourtant si plein de sens, autre film inspiré de Pina Bausch, "les rêves dansants", que l’on a envie de revoir et de revoir encore…

 

 

 

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