Relève : histoire d’une création *

Thierry Demaizière, Alban Teurlai

L'histoire

Benjamin Millepied est nommé directeur de la danse de l’Opéra National de Paris en novembre 2014. RELÈVE raconte le processus de création de son nouveau ballet “Clear, Loud, Bright, Forward”.


Documentaire, avec Benjamin Millepied (entre autres)


Sorti

le 7 septembre 2016


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

L'essence des sens

 

Les deux réalisateurs de ce documentaire n'ont probablement pas su choisir entre toutes les directions qui s'offraient à eux, et ce n'est pas dommage… En effet, chacun des thèmes est traité en parallèle des autres, ce qui donne parfois à l'ensemble un aspect un peu fouillis, mais si un seul sujet avait éclipsé tout le reste, la frustration aurait sans doute été grande. La générosité l'emporte, et le plaisir est au rendez-vous.
C'est d'abord le portrait en creux d'un chorégraphe, Benjamin Millepied, dont il n'est pas montré grand chose de sa vie extra-professionnelle ou de son parcours avant sa nomination à l'Opéra de Paris, mais beaucoup de sa façon d'être avec ses danseurs, et on devine un humaniste, un bienveillant, un de ceux qui encouragent plus qu'ils ne sermonnent… ses enthousiasmes pour un danseur, pour le résultat d'un travail, sont largement communicatifs, c'est un homme qui fait du bien à ceux qui l'entourent, à ceux qu'il entoure, et aussi à ceux qui l'observent, par écran interposé…
C'est aussi la description en pointillés de la création d'une œuvre. Ici, un ballet, qui part de presque rien, juste une musique, l'envie du chorégraphe d'en montrer les sentiments qu'elle lui inspire et le choix de ce même chorégraphe de travailler avec des danseurs cantonnés au second plan et non pas avec des étoiles habituées aux premiers rôles. L'évolution des différentes séquences du ballet est palpable, parfois un peu floue, mais l'impression de comprendre comment le spectacle se monte peu à peu est très prégnante.
Dans le même temps, il y a presque un aspect thriller à ce montage artistique : les obstacles techniques, médicaux pour certains danseurs, temporels (les différents acteurs de la création sont aussi occupés par ailleurs), ne sont pas occultés, c'est une course contre la montre, contre les pesanteurs administratives et en filigrane, le spectateur ressent la lourdeur de l'institution, tout ce qui a fait que Benjamin Millepied, quelques mois plus tard, a présenté sa démission de son poste de directeur de la danse. Trop de hiérarchies, pas assez de souplesse, l'artiste ne pouvait effectivement pas s'épanouir…
Il y a aussi tous les danseurs auxquels on s'attache, qui certes se ressemblent lors de la présentation finale du spectacle, parce que les coiffures, les costumes et le maquillage ont tendance à gommer les différences, mais qui lors des répétitions, lors du travail, montrent leurs personnalités, et pas seulement artistiques. Et puis la beauté des mouvements, des corps en mouvement, de la danse, définitivement objet de cinéma.
Un documentaire aux multiples entrées, qui ravit les sens et réveille l'essence même de la création. Un vrai bonheur…

 

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